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Diapason # 666 (03/2018)
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Decca 4831523



Code-barres / Barcode :028948315239

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin
 

Chant pour le chant ou vrai théâtre ? Ivan A. Alexandre (cf no 652) posait cette question cruciale pour l’opera seria. Comparons alors l'air de Germanicus « Qual turbine » par Max Emanuel Cencic dans son album « Arie napoletane » (2014, Decca) et dans la présente intégrale, qui prend le relais de la résurrection de l’oeuvre à Innsbruck en 2015 avec une équipe différente (cf.no 639). Hier courbes voluptueuses et pas mesuré, aujourd'hui moins de rondeur dans la voix, mais emportement hautain, fouetté par l'orchestre dans le cours d'une scène conflictuelle avant la bataille contre Arminius. Le théâtre de Porpora est ici assumé, dans un enregistrement où tous les récitatifs sont intacts, et pour un opéra dont la dimension scénique est notable (le dernier acte investit un bois sacré, où s'étend un dénouement fécond en surprises).

 L’ensemble polonais conduit par Jan Tomasz Adamus avec autant de zèle que dans Adriano in Siria de Pergolèse (cf no 651), opulent, nerveux sans excès abrasif, porte les longs adieux en sicilienne d’Arminius, ses bravades comme les fioritures impériales d'Ersinda qui préfigurent la Sémélé de Handel ‑ la voix de Julia Lezhneva est mieux captée que dans son disque Graun.

Il y aurait cepenant à dire sur la déclamation du récitant avare d'arêtes, mal gré la chaleur des interprètes. Cencic et Lezhneva y sont plus à leur affaire que Diyara Idrisova qui confirme ses qualités  (lumière riche du timbre mais chant souple et touchant) sans assez creuser la figure tragique de cette prima donna.

Importe d'abord l'union de tous dans la défense de l'éminente dignité de Porpora. Un compositeur dont les opéras ravissaient l'Europe aura donc attendu le deux cent cinquantième anniversaire de sa mort pour que le disque l'honore enfin grâce à une affiche de premier plan.

En dépit des redondances du livret (quatre arie di tempesta) et avec des moyens (des cors rehaussent néanmoins les cordes), la musique nourrit le mouvement perpétuel, fleuri ou dramatique, d'une invention où même le tour virtuose vaut par sa délicatesse et sa poésie. Rome oblige, la création de ce Germanico ne réunissait que des castrats (Annibali et Caffarelli en belligérants), mais contrairement à un Artaserse de Vinci d'illustre mémoire (Virgin, cf no 607), les voix féminines dominent ici. On ne s'en plaint pas.

En Arminius (le vrai rôle majeur, écrit pour le phénix Caffarelli), Mary‑Ellen Nesi compense ses limites en coloris par une sensibilité noble et un verbe pesé, rendant justice aux facettes du héros face à la majesté ombrageuse de Max Emanuel Cencic (« Nasce da valle impura » !). Une fois de plus, Juan Sancho tient davantage du sbire que du prince, mais son ardeur sert « Scoglio alpestre ». Plus persuasive que dans le répertoire français, Hasnaa Bennani fait attendre, par sa tendresse rayonnante, les airs du capitaine enamouré. Un maître de l'opéra baroque renaît ici.

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