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Diapason # 667 (04/2018)
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Hyperion
CDA68224



Code-barres / Barcode : 034571282244

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin


Il
y a un demi-siècle encore, les clavecinistes ne se frottaient guère aux notations en grande partie énigmatiques (et pas seulement celle des fameux préludes non mesurés) de Louis Couperin. Prenez cette Sarabande en sol mineur. Simple, obstinément simple, sur la page. Et complexe, instable, amère, quand l’interprète sait entendre ses flottements harmoniques et décoder une écriture intimement liée aux modes de jeu spécifiques du clavecin. Leonhardt, Verlet et Grémy‑Chauliac oeuvrèrent en pionniers.

Les quelques pianistes assez inconscients pour s’aventurer sur ce terrain n'ont pas vraiment préparé le miracle sui generis qui se joue dans le programme‑fleuve de Pavel Kolesnikov, deux ans après le bouquet de mazurkas distingué par un Diapason d'or de l'année (Hyperion). Savoir si bien creuser dans l’écriture de Chopin les strates impalpables et les hésitations du sentiment était sans doute une meilleure école que tous les préludes et fugues de Bach réunis pour questionner le « romantique » Couperin.

Restait à comprendre son instrument. Le mordant du clavecin, sa disparité d'un registre à l'autre, sa vocalité propre (passant par l’ornementation), les grands gestes improvisatoires induits par les préludes non mesurés », l’élan vif qu'il peut donner aux danses, trouvent sur le Yamaha du jeune Russe des réponses brillantes. On sait dès le vaste Prélude en ré mineur que Pave] Kolesnikov va exploiter en profondeur les ressources de l’instrument moderne, et développer une temporalité dictée par les résonances. Son toucher ne risque à aucun moment d’épaissir l'écriture ou de grossir le trait, et nous mène avec persuasion dans les méandres de ces polyphonies ponctuées de frémissantes interrogations. Ici, le détail mélodique des allemandes fournit une équivalence efficace à la paisible résonance d’un clavecin. Là, c'est toute une, efflorescence ornementale qui définit le caractère. La mobilité des courantes (qui ont peu à voit, avec celles de Bach) est suggérée par une inégalité souple et nullement systématique.

La Chaconne en fa et ses divines suspensions, puis la trouble Passacaille en sol mineur, guident vers la rêverie languide du Tombeau de Blancrocher. Kolesnikov est particulièrement sensible à l'ambiguïté tonale de cet hommage à un luthiste ami du compositeur, qu'il pare d'une aura romantique et spirituel le proche des oeuvres puissamment évocatrices de son compatriote Valentin Silvestrov. C'est à ce croisement que la rencontre avec Louis Couperin se produit: alors la traduction moderne d'un style ancien devient aussi convaincante qu'à travers une minutieuse reconstitution historique.                     
 


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