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Analyste:
Paul de Louit
L’Histoire est un éternel recommencement. De Helmut Walcha à Benjamin‑Joseph
Steens en passant par les Chapuis, Isoir et Marie‑Claire Alain, et avec toutes
sortes de nuances, quatre,générations d'organistes ont accompli un travail
d'allègement du jeu, de couleur sonore, de recherche métrique, d'exploration des
parentés stylistiques ou instrumentales, d'exégèse des sources musicales,
théoriques, spirituelles et intellectuelles qui plaçaient Bach, à juste titre,
en confluent, en creuset et en sommet de la culture européenne de son temps. Et
voici qu'une rhétorique prétentieuse nous le ramène aujourd'hui aux graisses et
aux amidons d'antan : le détaché en plus, nous revoici à la génération de Marcel
Dupré. Un pré lude et fugue en ut mineur tout de monument-alité figée, un
concerto qui se regarde changer de claviers avec complaisance, un trio podagre
qui s'essouffle dès la deuxième mesure, une passacaille désossée constituent,
avec l'appui d'une pédale qui marche un pas de légionnaire, un ensemble d'une
lourdeur d'hippopotame.
L’hippopotame est
en dentelle et, couvert du prestigieux manteau de la Schola Cantorum de Bâle,
brandit le panneau « historiquement informé ». Ne tombons pas dans ce panneau
là : dans la Fantaisie en ut mineur BVW 562, peut‑être la plus française
de toutes les oeuvres de Bach sans exception, notre musicologue revendiqué
ignore tous les codes, tant sonores que stylistiques, de la musique française.
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