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Diapason # 669 (06/2018)
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Harmonia Mundi
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Analyste: Loïc Chahine

On sait peu de chose de ces leçons de ténèbres pour voix et continuo. Composées en 1662‑1663, elles sont le premier exemple connu du genre en France ‑ l'année suivante, Lully érigeait, avec son Miserere, le premier chef‑d'oeuvre du grand motet naissant. Leurs conditions d'écoute nous échappent: furent‑elles ce que deviendront ces offices de la semaine sainte, des événements mondains, comme à la fin du XVIIe siècle ? Bien plus que les célèbres airs sérieux dont Lambert, chanteur d'élite, fut le champion, leur musique paraît étrange.

Nous sommes loin des séductions que déploieront Couperin ou Lalande dans leurs leçons bien connues. Une ornementation foisonnante, avec des « traits » véloces lancés d'une tessiture à l'autre, comme un demi‑siècle plus tôt chez Caccini, prend racines sur la psalmodie liturgique, harmoniquement sédentaire. Un autre cycle composé par Lambert, à la fin des années 1680, s'avère aussi déroutant mais moins exigeant ‑ Brett, Crook, Rime et Stutzmann alternaient dans l'album qui le sortait de l'ombre en 1996, chez Virgin.

Se mesurer à ces trois fois trois leçons, à leur ornementation invraisemblable contrastant avec l'austérité harmonique, était sans doute une folie. Qu'y faire ? Doit‑on les imaginer comme des bijoux virtuoses destinés à sublimer la voix ? Ou bien des prêches musicaux, où le mot transcende les mélismes ? Après ses Machaut, où la poésie atteignait une sorte de transe, on attendait de Marc Mauillon qu'il retienne la seconde option: qu'il déclame le texte avec une conviction qui confondrait d'admiration. Ce n'est pas ce qu'il semble faire. Tout n'est que douceur et demi‑teintes.

Si les ornements jaillissent avec une belle aisance, au terme d'un travail qu'on imagine acharné, ce grain vocal projeté droit devant manque à nos oreilles de la majesté qu'appelle une musique étrange et paradoxale. Le choix d'un baryton interroge d'ailleurs, puisque les leçons ont probablement été destinées à trois chanteuses, introduisant donc là une certaine variété, et sans doute aussi une fraîcheur, bref, une forme de séduction ici omise. On ne pourra pas reprocher aux trois continuistes de se repaître d'esbroufe : ils soutiennent la voix d'une harmonie ronde et modeste, tout au long de ces steppes de fa majeur, sans flatter l'oreille par des appâts qui la détourneraient de l'essentiel.

« A votre tour de tenter l'aventure », préviennent les musiciens. Avouons, tout en admirant le courage du projet et son utilité, qu'il faudra s'armer de ténacité.


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