Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 670 (07 - 08 /2018)
Pour s'abonner / Subscription information


Harmonia Mundi
HMM902368




Code-barres / Barcode : 3149020934258

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Gaëtan NauIleau

 

« J'appellerais la mort » : clamé quatre fois, toutes différentes. « Si toi, mon Jésus, tu ne m'aimais pas » : une fois suffit, tel un mot magique. Quatre fois encore l'appel ténébreux. Pour une fois seulement le nom salvateur. Rhétorique des proportions simple comme bonjour mais portée, dans cet abîme de la BVVV 57, à un degré de raffinement mélodique et harmonique dont Bach a le secret. La cantate, qui fait dialoguer une âme éreintée et son Sauveur, a connu plus d'une soprano splendide : presque toutes voulaient s'extasier sur les douleurs de cet air. Sophie Karthäuser, comme Dorothea Röschmann il y a dix ans (avec Quasthoff, DG), presse le pas pour dire l'anxiété suicidaire tandis que les basses palpitent; l'air (4'15") prend alors deux minutes de moins que chez Joanne Lunn (Gardiner), Hana Blazikova (Suzuki) ou Salomé Haller (Les Folies Françoises). Karthäuser y sculpte de telles ombres (aussi dans le premier numéro de la BVVV32) qu'elle pourrait bien réussir demain, malgré la tessiture assez basse de la BVVV 199, ce qui résistait il y a un an à Carolyn Sampon (cf. no 659). Sa maturité la rapproche des bachiennes « intellos » (Röschmann mais aussi Schäfer ou Kozena) et prend nettement ses distances avec le chant plus ethéré qui répondait, en 2004, à l'orchestre de Sigiswald Kuijken (Cantates BVVV 55, 98 et 180, son seul disque Bach jusqu'ici).

Retour à la BVW57: comment Jésus répondra‑t‑il ? Bach offre à la basse un air qui, à l'opéra, tomberait sans un pli dans le costume de Jules César exhortant ses armées (« Oui, je peux battre les ennemis qui te dénoncent sans cesse auprès de moi, ainsi donc, ressaisis‑toi. »). Michael Volle l'endosse avec l'autorité précise qu'on lui connaît en scène... chez Wagner. Le premier air de la cantate, avec ses vocalises et ses tenues, l'éprouve davantage mais l'exigence avec laquelle cet Amfortas (et Wolfram, Kurwenal, Hans Sachs ... ) discipline son chant pour que la ligne n'enclave jamais le mot mérite plus que du respect. La vivacité de ses réponses face à la soprano est un bonheur dans le duo ludique de la BVVV 32, scène d'opéra là encore (duo ardent de l'âme soulagée que Jésus « tiendra sans cesse enlacée »).


La BVW49, où les échanges de l’Âme et de Jésus s'imprègnent du Cantique des cantiques, nous laisse partagé. Karthäuser est plus à l'étroit dans son rôle de « fiancée colombe » exaltée en se voyant dans la robe de noces, Volle marche sur des oeufs dans son air avec orgue obligé (certes, il n'est pas le premier!), et l'orchestre berlinois paraît lui‑même plus surveillé qu'inspiré. Cela sans mettre en cause la leçon de l'album, qui fait écho à la géniale BWV 82 de Bejun Mehta il y a trois mois (cf. no 668) : les chanteurs non spécialisés dans la musique de Bach ont parfois plus de choses à nous dire que ceux qui se laissent porter par la vision d'un chef ou la caution d'un style.


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
(Bouton en haut à droite)
Livraison mondiale

Pour acheter l'album
ou le télécharger


To purchase the CD
or to download it

Choose your country and curency
when reaching
Presto Classical
(Upper right corner of the page)
Worldwide delivery

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews