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Diapason # 671 (09 /2018)
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Arcana
A449



Code-barres / Barcode : 3760195734490

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Emblématique du goût précieux des cours de Mantoue, Ferrare et Rome, Luca, Marenzio fut de tout temps célébré comme un des madrigalistes les plus influents d'Italie septentrionale. Sa production eut un retentissement considérable: neuf Livres de madrigaux à cinq voix, six à six voix, un à quatre voix côtoient neuf autres recueils de genres divers. Ces compositions signalent l'émergence de la seconda prattica : elles révèlent une constante remise en question de la forme madrigalesque et des procédés polyphoniques ; la figuration du texte se fait plus libre et démonstrative, l'expression des passions autorise de nouvelles hardiesses. Paradoxalement, si Marenzio fut un auteur visionnaire et adulé, sa discographie progresse à pas comptés: René Jacobs (HM, 1987), le Consort of Musicke (Musica Oscura, 1998) et La Venexiana (Glossa, 2010) ont abordé les madrigaux « classiques » à cinq voix, Rinaldo Alessandrini a révélé le Premier Livre à quatre voix (Opus 111, 2001) tandis que deux recueils (à cinq et six voix) ont été enregistrés par La Compagnia del Madrigale (Glossa, 2010‑2011). Walter Testolin emprunte une voie inédite: un vaste panorama, piochant du Premier (1580) au Neuvième (1599) Livre à cinq voix, mais aussi dans les publications à quatre et six parties, résume l'évolution et la diversité de cette oeuvre foisonnante. Il a réuni pour cet ambitieux projet sept chanteurs (avec d'admirables sopranos, sensuelles et charmeuses, et des voix masculines hélas moins séduisantes) et deux excellents luthistes.

Les effectifs varient sans cesse, suivant des combinaisons renouvelées: le a cappella « classique » alterne avec les polyphonies accompagnées, les délicieuses « mises en tablatures » pour duo de luths et d'astucieux arrangements en monodies accompagnées. Due rose fresche est confié à une soprano soutenue par deux luths pour mieux souligner la modernité expressive du compositeur. Si l'adaptation de O fere Stelle pour basse solo surprend davantage, c'est pour mieux convaincre : cette voix n'est plus, comme précédemment, une partie de complément ; elle devient le véritable fondement de l'architecture polyphonique. On ne peut, dès lors, que saluer la pertinence des choix et l'intelligence de Walter Testoli : intonation impeccable, parfaite intelligibilité des poèmes et de la polyphonie, dissonances subtilement mises en évidence, conduite des voix souple et dynamique. Aussi subtile que rigoureuse, cette anthologie fait espérer de plus ambitieux prolongements.


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