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Appréciation d'ensemble:
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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jérémie Bigorie
PRÊTRE FOU Le jeu agile et contrasté de Jean-Guihen Queyras semble calqué sur l'écriture fébrile de Vivaldi. Les instrumentistes de talent ont rapidement agrégé les Six Sonates pour violoncelles et basse continue de Vivaldi à leur répertoire en dépit de leur faible exigence technique qui accréditerait la thèse selon laquelle elles auraient été destinées à un amateur, comme le rappelle la notice d'Olivier Fourès. Elles reprennent prima facie les canons formels de la sonate en quatre mouvements affinés par Corelli: Largo, Allegro, Largo, Allegro. Mais il y a chez le Prêtre Roux un je‑ne‑sais‑quoi de plus fou, de plus élevé que chez les autres musiciens. Car sans atteindre la virtuosité démonstrative ni le souffle conquérant des concertos (pour violon surtout), les sonates recèlent bien des merveilles. Le jeu articulé et d'une grande richesse de nuances de Jean‑Guihen Queyras nous change des versions rigoureuses et désincarnées. Au vrai, il interprète comme Vivaldi écrivait, avec des passages d'une fébrilité intense encadrant des moments de larges respirations. On aime son agilité de belette au moyen de laquelle il colle, au plus près du caractère de chaque mouvement. En commençant par la Sonate no 5 en mi mineur dont le Largo initial, tout en appogiatures, revêt la même position au sein du corpus que le prélude de la Suite no 5 pour violoncelle seul chez Bach, Jean‑Guihen Queyras entend instaurer une certaine hauteur de vue que le reste du programme ne démentira pas. Voyez comme il tire profit de l'imagerie baroque (sans rien appuyer) dans l'âpre Sonate no 3 où, à un tranchant rythme pointé, succède une ligne implorante, tel un dialogue imaginaire entre deux personnages. La complémentarité avec la basse‑continue trouve de son côté plus d'une occasion de se manifester: dans la Sonate no 4, l'on perçoit deux violoncelles solistes, tandis que les Largos médians donnent toute licence au théorbe d'égrainer ses gouttes mélancoliques. De fait, l'éventail élargi des timbres parachève la réussite de cet enregistrement à placer en tête de la discographie. |
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