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Diapason # 672 (10 /2018)
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Ricercar
RIC392



Code-barres / Barcode : 5400439003927

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Si les historiens voient en Arcadelt (musicien né à Namur et installé en Italie vers 1520) l'un des pères fondateurs de la littérature madrigalesque et, surtout, de la modernité du Cinquecento, le disque l'avait peu servi jusqu'à ce triptyque magistral. En 1987, le Consort of Musicke, curieux de remonter aux sources vives du madrigal, s'était intéressé au premier des six Livres d'Arcadelt (DHM). Pour l'oeuvre sacrée (trois messes et de nombreux motets), il fallait choisir entre les ternes réalisations de Musica Contexta (Chandos) et de la Josquin Capella (CPO). Quant aux cent vingt‑six chansons polypho-niques françaises, on n'en trouvait guère qu'une poignée, éparpillée au fil d'innombrables anthologies. Jérôme Lejeune, directeur toujours inspiré de Ricercar, arrive donc en héros sur ces trois terrains, avec un coffret partagé entre trois langues, le latin, l'italien et le français, et trois ensembles éminents. C'est d'abord l'harmonieux Choeur de chambre de Namur, accompagné à l'orgue et finement dirigé par Leonardo Garcia Alarcon. À dix motets da cappella, au contrepoint transparent et savoureux, s'ajoute l'apocryphe Ave Maria: un contrafactum fameux, produit par Pierre‑Louis Dietsch (1808‑1865), paraphrasé par Liszt (Ave Maria d'Arcadelt pour orgue, également inclus dans ce coffret) et surtout Saint‑Saëns, qui lui emprunta le thème principal de sa Symphonie avec orgue.

Pour les madrigaux, Garcia Alarcon se tourne vers six chanteurs (dont l'éblouissante Mariana Flores) et deux luthistes de sa Cappella Mediterranea. Puisée dans cinq recueils à quatre parties et diverses anthologies imprimées, la sélection est passionnante et supérieurement interprétée par des voix chaleureuses et homogènes. L'incontournable Bianco e dolce cigno ouvre le programme, dans une interprétation suave, alternant monodie accompagnée (soprano et luth) et polyphonie. Ce procédé sera souvent repris (délicieux Vostra fui à deux sopranos et luths), avec des dispositifs toujours renouvelés, entre contrepoint rigoureux a cappella, tablatures divertissantes pour luth, accompagnements visionnaires de soli à l'orgue ou au clavecin (admirable Quando col dolce sono, préfigurant le maniérisme musical de Luzzaschi). L'intelligence et l'exigence de cette équipe révèlent toute la richesse d'une écriture aussi savante, que séduisante.

Enfin, les indispensables compères de Doulce Mémoire nous régalent de délicieuses et spirituelles chansons françaises : certaines ont l'allure de danseries, d'autres l'élégance raffinée des airs de cours, toutes reflètent l'influence manifeste de l'Italie. Ici encore, l'alternance inventive des combinaisons vocales et instrumentales, entre consorts de flûtes et concerts brisés, est un bonheur.

Un triptyque accompli et  ambitieux, à la mesure du génie foisonnant d'Arcadelt.


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