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Diapason # 675 (01 /2019)
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Metronome
METCD1100



Code-barres / Barcode : 5028165110025

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Analyste: Philippe Ramin

La Couperinette

In extremis pour l'anniversaire Couperin, Carole Cerasi livre une intégrale des pièces pour clavecin. Des Idées heureuses aux Ombres errantes, leur profondeur se fait jour sous leur élégance.

Son premier disque, consacré à Elisabeth Jacquet de la Guerre en 1999, disait déjà toutes les affinités de Carole Cerasi avec la musique française. Elle y revient aujourd'hui seulement, mais rattrape le retard en offrant d'une seule traite les quatre Livres (pour vingt-sept « ordres ») de François Couperin, que les intégralistes nous ont habitués à recevoir un par un. Son époux James Johnstone la seconde en recording producer et la rejoint dans les pièces à deux claviers ( Allemande , Musettes de Choisy et de Taverny , La Létiville , La Julliet ). Une viole prête ses résonances à La Couperinéte . L'aspect austère et très ordinaire du coffret laisse peu présager des trésors qu'il contient.

Le mélomane, l'audiophile et le spécialiste seront à la fête : quatre clavecins se partagent cet immense corpus - deux copies et deux originaux, un Rückers ravalé par Hemsch (1636-1763, qu'elle jouait déjà en 1999) et un Antoine Vater de 1738. Cerasi, qui prend le parti de regrouper en tête du premier disque les huit préludes de L'Art de toucher le clavecin , met ainsi en exergue les pages où Couperin abandonne à l'interprète une liberté que les danses cadreront : la variété du toucher et la narration sans pose y font merveille.

Dès l'Allemande dite L'Auguste, Cerasi nous emmène très loin ; la technique ornementale s'avère exceptionnellement fluide, et le détail frémissant porte la phrase. L'interprète ne se laisse jamais enfermer sous la surface d'une rhétorique superficielle : des images se dessinent sous le ballet des Moissonneurs , l'allure modérée des Timbres évoque quelque carillon. Le Réveil-Matin est drôle et impertinent, les Musettes à deux clavecins se révèlent très expressives, l'une large et rêveuse, l'autre fantasque. Les grandes pièces bipartites (Les Satires Chèvre-pieds , Les Bacchanales , La Princesse Marie - Air dans le goût polonois) affichent des contrastes généreux.

Au fil des ordres, la singularité de l'approche se précise : la claveciniste met en scène des acteurs et des danseurs qui délivreront l'émotion ; si sa subjectivité s'affiche moins directement que chez Blandine Verlet ou Blandine Rannou, c'est pour rayonner dans les personnages invoqués. C'est une actrice de Racine fardée dans la pénombre qui déclame Les Regrets . La Bondissante ? Une danseuse au parcours léger. La Lutine ? Espiègle, un brin provocatrice. On admire l'exigence du contour mélodique (refrain de La Favorite ), la souplesse distraite du Dodo , le cheminement inquiet de La Couperin, dont la lumière de la seconde partie ne peut dissiper le poids. Si la grande Passacaille parade d'un pas vif, c'est sans la moindre raideur, et en laissant percer une belle délicatesse entre ses élans ténébreux.

Les quatre instruments présentent des caractères très différents, dont Cerasi tire le meilleur parti. Le Carillon de Cythère (jeu de huit couplé au quatre pieds) tinte dans l'aigu grisant du Keith Hill d'après Taskin. La nasalité subtile du Vater profite à l 'indécision mélancolique des Ombres errantes . Captés avec le plus grand soin, ces clavecins sont les confidents rêvés d'une intégrale qui fera date.

D'une salle à l'autre, les prises de son de John Taylor laissent les différents clavecins s'épanouir dans une image aérée, pas trop large, bien étagée en profondeur. Les hautes fréquences sont restituées sans brillance exagérée. Le grain sonore et la vitesse de « diction » propres à chaque instrument sont finement traduits. 


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