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Diapason # 676 (02 /2019)
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Challenge Classics
CC72769



Code-barres / Barcode : 608917276923

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Un saxophoniste épris de Bach ne l’approche pas forcément par la passerelle du cross-over. Aucune épice de jazz, aucune licence rythmique dans l’album de Raaf Hekkema. Mais un rebond de la phrase, un art de l’impulsion fine rayonnant en gestes larges qui renvoient, peut-être, au swing. Peut-être aussi à la discipline agogique chère au monde de la musique ancienne. Le chemin « long, venteux et fascinant » qu'il a suivi jusqu'à cet arrangement des six Suites fut guidé par les conseils du violoncelliste (baroque) Roel Dieltens.

L’album précédent du saxophoniste néerlandais relevait un invraisem-blable défi : les trois partitas pour violon seul de Bach, Chaconne comprise ( cf. no 648 , partition disponible chez Schott) ! Après quoi les Suites pour violoncelle, d’une polyphonie plus aérée, sont un jeu d’enfant pour Hekkema. Il règle haut la main la question des accords, par la vélocité irréelle de son arpègement et par son écoute du rythme harmonique – le balancement propre des allemandes n’est pas perturbé une seule fois. L'auditeur attiré par un exploit sera frustré. Il chercherait en vain les contorsions virtuoses et les efforts trahissant le travail du transcripteur. Hekkema jubile, sur le terrain de jeu conquis par ses retouches ingénieuses et ses doigts gourmands de détails. Les relances et les réponses de cette polyphonie en trompe-l'oeil se dessinent moins dans les nuances dynamiques que dans celles du phrasé, plus vif, plus laxe. Un souffle d'athlète porte chaque mouvement comme la brise une fleur. L'originalité de l'album tient aussi à sa panoplie instrumentale. « The Cello Suites played on historic saxophones », la formule a du piquant. Le velouté clair d'un Conn ténor de 1922 ( BWV 1007 ) est un bonheur en soi, dans l'espace d'une prise de son fabuleuse (plus encore en SACD, mais déjà en CD). Le grain plus complexe d'un Sax de 1932 sert les humeurs de la BWV 1008 . Un soprano Elimona de 1991, un alto Conn de 1928, un Buescher de 1927 ( Sarabande de la BWV 1011 : une note, une couleur), enfin un alto plus canaille de Buffet-Crampon, 1985, prennent la relève dans cette aventure musicale qui fut celle d'un interprète-caméléon, et devient celle de l'auditeur délesté du poids des habitudes.


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