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Analyste:
Philippe Venturini
La célèbre cantate
funèbre «Actus tragicus», composée vraisemblable-ment en 1707 à Mülhausen,
côtoie la BWV182 « Himmelskönig, sei willkommen », destinée au
dimanche des Rameaux, à Weimar en 1714. Malgré la proximité chronologique, ces
deux oeuvres ne regardent pas dans la même direction. La BWV106 se
souvient du passé, de Schütz, de la musique sacrée conçue dans un même geste et
enveloppée du voile de la viole de gambe, tandis que la BWV182 s'installe
dans son temps, celui du concerto, de la sonate, de l'opéra à numéros.
Cette différence particulière, comme les contrastes en général, le jeune
ensemble britannique Amici Voices ne semble pas décidé à les souligner.
L'oreille peut certes se satisfaire de cette lecture en effectif réduit (deux
voix par partie dans les Cantates, une dans le Motet), d'une lisibilité et d'un
galbe impeccables, tant dans le jeu instrumental (les sonates introductives) que
dans la ligne vocale (la plénitude sonore du Motet). Mais l'esprit finit par
glisser sur cette surface lisse, sans s'émouvoir ni se poser de questions. Les
superpositions, pourtant saisissantes, du choeur, de la soprano et du choral
aux flûtes dans BWV106/5 ou de la basse et du choral de « Luther mit
Fried und Freurid » dans BWV 106/7 n'ouvrent pas les perspectives
dramatiques et spirituelles attendues. Pour cet « Actus tragicus», on
restera fidèle à l'interprétation miraculeuse, et autrement plus creusée, de
Cantus Cölln (Harmonia Mundi, 2000).
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