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Classica # 213 (06 / 2019)
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Alpha
ALPHA456



Code-barres / Barcode : 3760014194566

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Analyste:  Jérémie Bigorie

À l'occasion du cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, Denis Raisin Dadre « met en correspondance dix chefs‑d’oeuvre de l'artiste avec les musiques de compositeurs des XVe et XVIe siècles ». Là réside la limite de l'exercice (les précédents de Jordi Savall chez AliaVox) : c'est le disque qui accompagne le livret, non l'inverse. Exercice difficile compte tenu du fait que la musique jouée par Léonard (il pratiquait la lira à ses heures) était improvisée, et que le genre en vogue à l'époque en Italie était la frottole, sorte d'ancêtre populaire du madrigal. Certes, la mélodie « Fortuna desperata », présentée sous différentes formes, est charmante et évocatrice, mais elle se situe bien en deçà de La Vierge aux rochers que ce beau livre‑disque nous invite à contempler en parallèle.

On goûte malgré tout la fine équipe de solistes que dirige et accompagne de sa flûte Denis Raisin Dadre dans la mélodie «Tanto l'afano » mise en regard avec le Portrait d'Isabelle d'Este. Certaines musiques s'enrichissent au contact de la peinture: d'autres, au contraire, souffrent de sa promiscuité et gagneraient à s'en affranchir. D'où le recours aux polyphonies franco‑flamandes afin d'offrir un prolongement sonore d'une autre altitude. Paulo majora canamus avec deux moments de grâce: le motet Planxit autem David de Josquin des Près (pour le Portrait de musicien) et l'Agnus Dei de Jacob Obrecht (pour Le Baptême du Christ), qu'une interprétation frémissante nous incite à écouter... les yeux fermés.

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