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Diapason # 682 (00 /2019)
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DHM 88985411772



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Analyste: David Fiala

Cinq escales rythment le parcours musical imaginé par Paul Van Nevel pour le plus illustre des voyageurs. De son enfance entre Gênes et Venise, Christophe Colomb pourrait avoir retenu un chant de carnaval où il est question de ramoner des cheminées, une prière pour la paix et une délicate frottole amoureuse de Tromboncino. En Espagne, le navigateur découvre les chansons vernaculaires qui évoquent les rues de Madrid, Séville ou Cordoue, et les mélancoliques harmonies de la cour des rois catholiques, Isabelle et Ferdinand. Rentré de sa dernière expédition fin 1504, il meurt en mai 1506 à Valladolid, au moment où débarquent à la Corogne les maîtres polyphonistes franco-flamands de la chapelle de Bourgogne-Habsbourg - place aux savants entrelacs de leurs messes sur cantus firmus.

La trajectoire de Colomb permet surtout à Van Nevel de concocter un programme de raretés agrémenté de quelques airs entraînants, déjà magnifiés par Savall et ses irrésistibles mélanges de voix, instruments et percussions. Ici, tout est a cappella. Ce qui impressionne, c'est la constance de ferveur, de conviction et d'inspiration avec laquelle trois chanteuses et sept chanteurs défendent les bluettes, les gaillardises ou les vastes combinaisons contrapuntiques d'Agricola ou de Orto. Leurs voix sont impeccables, les nuances et les tempos savoureusement exagérés.

Ce tour d'horizon des péninsules italienne et espagnole à la fin du siècle, rare et poétique, s'avère addictif. Les musiques des terres que Colomb a découvertes, non loin de Cuba, en sont curieusement écartées ? Pour elles, retour au récital de Van Nevel sur les cigares (« The Art of the Cigar », 2010).

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