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Classica # 220 (03 / 2020)
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Triton
TRITON568
Tempéraments
TERS316061
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3415820000159

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:  Aurore Leger

INTEGRALES ORGANIQUES

Ces deux parutions fondamentales donnent à entendre, chacune dans leur genre, un orgue souverain. Isoir, exalté, ardent et Houette, plus ouvert, majestueux, honorent doublement Grigny.

Quelques semaines seulement auront séparé la parution de ces gravures majeures de l'oeuvre de Grigny. L’une est due au trop discret Olivier Houette …, l'un des plus brillants organistes français d'aujourd'hui. L’autre au regretté André Isoir, comme réédition de l'enregistrement effectué à Saint-Michel-en-Thiérache. Tout pourrait opposer, de prime abord, ces deux intégrales : Isoir, né en 1935, fut l'un des pionniers de la redécouverte du répertoire classique. Houette, qui n’a pas encore 40 ans, a bénéficié de cet héritage mais aussi de toutes les recherches musico logiques qui ont permis d'enrichir les pratiques de ses illustres aînés. Isoir a opté pour un instrument presque contemporain de Grigny, un Boizard de 1714, c'est-à-dire un orgue incisif et ramassé dans une acoustique claire. Houette a choisi l'orgue dont il est l'heureux titulaire, le grand Clicquot de la cathédrale de Poitiers, un instrument opulent, construit dans les premières années de la Révolution, qui annonce, dans une acoustique plus que généreuse, la facture de transition du XIXième siècle.

 UN SOUFFLE ÉPIQUE

Malgré ces différences, l'un et l'autre nous livrent deux véritables chefs-d'oeuvre. Si nombre de gravures des premiers « organistes de Saint-Séverin » ont mal résisté au temps, tel n'est pas, disons-le d'emblée, le cas d'Isoir. Il se dégage un souffle épique, bouillonnant, parfois un peu agité, des interprétations de ce dernier qui n’hésite pas à réinterpréter le texte original avec un toucher d'une grande finesse (tierce en taille du Pange Lingua), un jeu d'une parfaite lisibilité (traits virtuoses du grand jeu du Veni Creator), une ornementation foisonnante (premier verset du Kyrie et du Veni Creator) et une registration originale (fugue sur l'Ave Maris Stella, jouée en quatuor sur trois claviers et pédalier). Là où lsoir fit le choix de la fougue, Houette fit celui de la grandeur. Tout d'abord une grandeur noble et héroïque, par un geste plus sobre mais aussi plus souple, aéré et articulé, imposé par l'acoustique, qui confère un dynamisme orchestral aux impressionnants grands jeux et rend les effets d'écho avec un fondu saisissant notamment dans l’Offertoire de la messe et le grand jeu de l'Agnus (un vrai motet!). Également une grandeur lyrique, toute racinienne, imprimée par une conduite vocale du discours qui fait de chaque récit une véritable scène d'opéra (récits du Sanctus et du Veni Creator). Faisons bref : cette très grande musique a trouvé là deux références difficilement surpassables.


   

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