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Diapason # 683 (10 /2019)
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Accent
ACC26411




Code-barres / Barcode : 4015023264113

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Luca Dupont-Spirio
 

Délaissée par les stars, cette Brockes-Passion reste la belle inconnue de l'oeuvre handélien. Sort ironique d'une partition ostentatoire, où le compositeur trentenaire abat toutes ses cartes. Choeurs virtuoses, airs sensationnels, récitatifs haletants, chorals ouvragés : rien ne manque ici à l'amoureux du Dixit Dominus, de Jules César ou d'Acis et Galatée.

Barthold Heinrich Brockes, patricien et poète hambourgeois, pressentait‑il ce génie polymorphe en rencontrant à Halle un Handel adolescent ? Il l'aurait lui-même sollicité, quinze ans plus tard, pour son livret sur Jésus souffrant et mourant pour les péchés du monde. Célèbre dans toute l'Allemagne, cette paraphrase de l'Évangile en vers rimés, mêlée de commentaires piétistes, attire les plumes musiciennes: Keiser l'adapte dès 1712, avant Telemann (1716) et Mattheson (1718), pour ne citer que les plus illustres. Si la version handélienne semble débutée à Londres en 1715, le public ne l'aurait découverte qu'en 1719, à la cathédrale de Hambourg. Le maître ne trouvera pas de scène en Grande-Bretagne pour son seul oratorio allemand, qu'il citera dans Esther, Athalia, Deborah, Radamisto, Giulio Cesare, Serse, ou encore l'Opus 3. 

Langue et esprit s'avèrent décisifs pour l'équipe de Laurence Cummings. Plutôt pondérés dans les pages anglaises ou italiennes, le chef et ses forces de Göttingen mettent une tension et un tranchant propres au drame des drames ‑ voix et archets bondissent dès le choeur introductif. Vrai conteur, l'Évangéliste de Sebastian Kohlhepp projette le récit avec aisance, d'un timbre cuivré. Tobias Berndt chante un Christ saisissant de gravité, Rupert Charlesworth un Pierre attachant dans l'errance ‑ superbe « Nehmt mich mit » accompagné du seul continuo.

Sur la durée toutefois, le relief dramatique s'estompe ; les interventions de Johannette Zomer en Fille de Sion se ressemblent malgré leur aplomb, et les aspérités bienvenues d'Ana Maria Labin trouvent peu de répondant à l'orchestre. Chiche en couleurs, le Judas de David Erler se laisse vite oublier. Reste que cet enregistrement s'impose comme le plus équilibré, cinquante ans après les phrasés archaïques d'August Wenzin-ger ‑ qu'entouraient tout de même Haefliger, Adam et Moser ‑, devant un McGegan trop neutre (Hungaroton) et un Peter Neumann moins incisif (Carus). L'Esprit, qui souffle où bon lui semble, atteindra-t-il des interprètes plus ardents.


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