Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 683 (10 /2019)
Pour s'abonner / Subscription information


Alpha
ALPHA438




Code-barres / Barcode : 3760014194382

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Denis Morrier
 

En 2003, Vincent Dumestre proposait ses « Nova metamorfosi », où des faux‑bourdons ornés se mêlaient déjà aux parodies spirituelles de madrigaux de Monteverdi. Mûries, approfondies et embellies, ces nouvelles anamorphoses s'éloignent plus encore des sentiers battus. Avec, par exemple, la célèbre canzonetta Si dolc'è il tormento, que nous découvrons parée, en 1624, d'un texte à la fois doloriste et extatique, dans le goût des vanités baroques. Et le monumental madrigal amoureux Altri canti di Marte du Livre VIII se voit transformé en une glorieuse célébration pascale! De la même façon, dans ce jeu de distorsions que Dumestre rapproche de l'anamorphose picturale, le célèbre lamento Un ferito cavaliero de Luigi Rossi, où la reine de Suède pleurant la mort de son époux, devient le tableau de Madeleine au pied de la Croix (Un allato messagier) D'autres compositeurs romains emblématiques de la Contre‑Réforme s'invitent dans un album où neuf chanteurs de premier plan (Cachet, Mauillon, Scott, Van Elsacker..) peuvent compter sur huit formidables instrumentistes en symbiose (Mabire, Glodeanu, Mankar ... ).

Le principe déformant de l'anamorphose trouve sa contrepartie musicale la plus troublante dans cette relecture du Miserere d'Allegri, transfiguré par l'ornementation au fil des strophes. On se souvient que cette oeuvre de 1638, interdite de publication par le Vatican, avait été transcrite et imprimée tout au long des XVIIIe et XlXe siècles : par Blainville dès 1767, puis Burney en 1771, suivi par Warren, Giussani, Choron, Alfieri... Or, chacun présente un visage différent de l'austère falsobordone. Les carnets d'un castrat émigré en 1731 à Breslau ont également transmis certains embellimenti prisés à la Sixtine. Le musicologue Jean Lionnet, il y a vingt ans, guidait A Sei Voci dans le dédale fascinant de ces sources (1994, Astrée, Diapason d'or), où nos « Poètes Harmonicistes » puisent une inspiration puissante. Leur Miserere séduit d'emblée par sa plastique vocale et les suavités d'une expression subtilement contrastée. L'ornementation, de plus en plus foisonnante, engendre des dissonances mais aussi des rythmes, parfois saisissants. Elle s'immisce dans tous les versets et, à des degrés divers, toutes les parties (et pas seulement la soprano du petit choeur, comme le proposait Burney avec son fameux contre-ut). Au terme d'un enivrant parcours mystique, l'ultime double choeur s'emplit de languissants ports de voix, longuement étirés par la soprano. Ils confèrent à cette apothéose polyphonique une fulgurance compassionnelle digne des extases de sainte Thérèse !      


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
(Bouton en haut à droite)

Pour acheter l'album
ou le télécharger


To purchase the CD
or to download it

Choose your country and curency
when reaching
Presto Classical
(Upper right corner of the page)

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews