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Diapason # 683 (10 /2019)
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Harmonia Mundi
HAF89026224




Code-barres / Barcode : 3149020938805

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Analyste: Emmanuel Dupuy

Dramaturge, plasticien, chorégraphe, Jan Lauwers est un artiste complet qui conçoit des performances atypiques, mêlant toutes les disciplines. À l'été 2018, le Festival de Salzbourg l'invitait à mettre en scène Le Couronnement de Poppée. C'était à craindre: entre ce théâtre sophistiqué et les codes de l'opéra baroque, la greffe ne prenait pas (cf. n° 672 p. 59). Malgré quelques fortes images, on gardait surtout l'impression d'une incompatibilité d'humeurs entre deux univers qui peinent à se rencontrer ‑ impression confirmée par le DVD inclus dans ce coffret. 

Concentrons‑nous alors sur la version audio. Dans le volume déjà relativement vaste de la Haus für Mozart, la petite quinzaine de musiciens que William Christie dirigeait du clavecin paraissait un rien étriquée. Défaut heureusement corrigé par les micros, qui rétablissent le juste équilibre entre la scène et la fosse. Et permettent d'apprécier encore davantage l'humilité sensible de cette lecture, la souplesse et la délicatesse du geste, en symbiose si parfaite avec le plateau qu'on ne sait, qui du chef ou des chanteurs, impose à la musique et au drame leur élan vital. 

Après un détour par Traviata, Norma ou Tosca, Sonya Yoncheva revenait à ses premières amours (baroques) et à un rôle qu'elle aborda jadis avec Emmanuelle Haïm (DVD Virgin). Libre comme jamais, la star offre de la courtisane le portrait le plus torride qu'on ait entendu depuis Rachel Yakar (avec Harnoncourt, DVD DG) et Anna Caterina Antonacci (avec Bolton, Farao). Quel Néron pourrait tenir tête à une telle bombe anatomique ? En dépit de la tonicité du chant et des charmes d'un mezzo velouté, l'empereur juvénile de Kate Lindsey n'a pas le même éclat que sa partenaire. 

Si on a connu Sénèque aux graves plus profonds que ceux de Renato Dolcini, ce philosophe pèse soigneusement ses mots et quitte ce monde avec une touchante pudeur. Carlo Vistoli prête à Ottone, l'amant délaissé, la vivacité . d'un contre‑ténor incisif (mais un rien monochrome) chéri par la craquante Drusilla d’Ana Quintans. Bien que la voix n'ait plus tout à fait l'insolence d'antan, l’Arnalta de Dominique Visse (le rôle d'une vie, dont il a déjà laissé plusieurs témoignages) rivalise d'abattage avec l'autre nourrice, tout aussi haute en couleur, campée par Marcel Beekman.

Parmi une impeccable galerie de silhouettes et divinités, distinguons Lea Desandre, Amore et Valletto aux verbe et timbre ailés. Mais l'incarnation la plus complexe, entre désespoir, rage et remords, c'est à Stéphanie d'Oustrac qu'on la doit, Ottavia sculpturale, coulant ses adieux à Rome dans l'airain d'une déclamation souveraine. Avec la Poppée de Yoncheva et les raffinements de la direction musicale, notre mezzo est un des plus flamboyants atouts de cette luxueuse B.O.


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