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Diapason # 683 (10 /2019)
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 Piano Classics
PCL10139 
Etcetera Référence
 KTC1634 
Code-barres / Barcode : 5029365101394 Code-barres / Barcode : 11801016344

 

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Analyste: Paul de Louit

Si les transcriptions pour piano que Franz Liszt et Ferruccio Busoni ont faites des oeuvres pour orgue de Bach ont éclipsé leurs rivales, c'est qu'il y a une bonne raison : elles cherchent moins à restituer l'ampleur dynamique du « pape des instruments » qu'à recomposer des équivalents à la richesse de son spectre harmonique et à la variété de ses timbres. Eugen D'Albert ne témoigne pas de la même invention : plus honnêtement, plus littéralement, il octavie à plaisir, enrichit les accords, guère au‑delà. En revanche, ses indications dynamiques et expressives étayent la vision que développe René Leibowitz, dans Le Compositeur et son double : la transcription comme interprétation.

Le pianiste doit donc choisir entre sa propre interprétation de Bach et celle du transcripteur. Emanuele Delucchi choisit sans hésiter D’AIbert. Il a raison. Il renonce à la sonorité de cathédrale que lui permettraient les basses de son Steinway de 1906 et n'hésite pas à percuter, à ferrailler, à se placer toujours du côté de la dynamique. Celle qu'il communique à des fugues mineures (BVW534 ou 537) emporte l'adhésion. En revanche, face à des monuments comme la Passacaille BVW 532 ou la Toccata et fugue en fa majeur BVW540, on pourra préférer le sens de la construction et des étagements dont témoignait Piers Lane (Hyperion).


Maintenant, si on veut un cogneur, un vrai, ce n'est pas vers Emanuele Delucchi, mais vers Jan Lust qu'il faut se tourner. Lui ne choisit pas entre Bach et ses transcripteurs. Se pose‑t‑il même la question ? Il ne s'embarrasse guère de considérations formelles. Le bizarre ne le gêne pas ‑ le maniérisme rejoint le surréalisme dans la Fantaisie et fugue en sol mineur BVW 542. Dans les transcriptions de Busoni (Prélude et fugue en ré majeur BWV 532, Chaconne), on a grand' peur pour le piano. Celui‑ci paraît s'en sortir, finalement, plus indemne que nos oreilies.


 

   

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