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Diapason # 684 (11 /2019)
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Mirare
MIR422

Scarlatti, Vol. 6 Product Image

Code-barres / Barcode : 3760127224228

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Avec six volumes en seize ans,  la cadence de l'aventure scarlatienne  de Pierre Hantaï n'est pas celle d'un marathon mais d'une obsession tranquille. Il creuse le sillon de la même façon que Scarlatti, au service exclusif d'une princesse murée dans son palais madrilène, lui apportait sans cesse des sonates, seulement des sonates toutes sorties du même moule. Cinq cent cinquante fois: A-reprise-B-reprise. On ne connaît pas plus simple. Un garde-fou, au sein duquel tous les coups sont permis. Hantaï à son tour les a tous expérimentés, dans l'atelier, sur scène, en studio, en scrutant les prises pour tracer lui-même le plan de montage, sur scène encore... Le résultat, dès le premier disque de la série a fasciné par le fourmillement des timbres et des détails, au service d'une rhétorique volontiers sinueuse. Mais c'est désormais l'autorité du geste, capable de cultiver l'ambiguïté avec des moyens concentrés, qui définit le Scarlatti de Hantaï. Les transitions d'une section à l'autre, les suspensions discrètes, les juxtapositions calculées y sont aussi expressives que les idées elles-mêmes.

La remarque vaut aussi à l'échelle du programme. La première plage nous accueille avec un tube en ré majeur ‑ arpèges trompettants, pirouettes, notes répétées piquantes, duplications têtues, accords cinglants, soleil triomphant. Fausse piste. Aussitôt Hantaï dévie dans un sol mineur que plus aucun rayon ne perce (K 179). Plage 3 ‑ même tonalité, Plus long, plus lent, plus las (K 234). En tout, dix minutes en sol mineur, après lesquelles l'amorce frivole de la plage 4 (do majeur, K 501) est un baume. Mieux encore: la sonate prend un sens tout particulier dans cette succession ; le geste qui interrompt les galanteries vagues du début avec une sorte de glas (à 0'49") n'est plus un caprice mais un écho plombé. 

Est‑ce pour la longueur de son de l'instrument (fantastique modèle allemand de Jonte Knif, déjà dans les Volumes IV et V) que le programme laisse peu de place aux pages acrobatiques (K 18 tout de même, d'un brio hautain, alla Leonhardt) On s'en passe volontiers, captivé par la plus belle polyphonie sortie de la plume de Scarlatti (K 69 en fa mineur, fuyante et d'un seul souffle) et par des pièces qui, sur la page, semblaient « rêvées » plutôt que composées (K 170, improvisation nonchalante).

Le jeu des ambiguïtés culminera plage 14 dans une sonate étrange, qui s'ouvre sur un gazouillis difficile à cerner en si bémol majeur (K 544), pour ensuite s'échapper vers toutes les tonalités mineures possibles, y revenir, s'échapper encore... De l'anodin à l'obsédant, la frontière n'est qu'un papier à cigarette avec Hantaï et son double.


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