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Diapason # 686 (01 /2020)
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Alpha
ALPHA554


Dumesny: Haute-Contre de Lully Product Image

Code-barres / Barcode : 3760014195549

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

 

Né à Montauban en 1635, Louis Dumesny (ou Dumesnil) était cuisinier quand il fut débusqué par ses qualités vocales. Sa carrière à l'Opéra de Paris et à la Cour (1675-1699) le vit passer de choriste à doublure de Bernard Cléclière, le créateur d'Atys, puis aux premiers rôles à partir de Persée. Connu pour ses manies (cleptomanie, addiction au vin pendant les représentations, disputes avec mademoiselle Maupin), il s'imposa comme le plus grand acteur de la scène lyrique d'alors, alliant à une voix endurante de ténor, amie des élévations de la haute-contre, un éventail expressif hors pair qui s'épanouit dans l'après Lully. L'opulent programme concocté par Reinoud Van Mechelen (qui dirige lui-même l'ensemble A nocte temporis) captive par la beauté rare de musiques souvent inédites au disque, en surmontant la difficulté dans cette esthétique d'extraire des moments solistes sans aligner seulement des airs élégiaques. L'adresse des combinaisons n'exclut pourtant pas une stricte perspective chronologique, où s'illustre l'évolution de l'héritage lulliste. Il n'est que de comparer, sur une base scénique analogue, « Bois épais » d'Amadis aux gradations pénétrantes de l'Alcide de Marais, pour ne rien dire de l'agonie accidentée du héros dans ce même opéra. Merveilles avec Desmarets: passacaille liant air et théophanie (Théagène, et Cariclée), atermoiements d'Énée dans Didon sommeil fantastique de Circé. L'ostinato tourmenté d'un autre Amadis (Destouches, 1699) couronne dignement l'ensemble, sans que soit négligé l'opéra-ballet au berceau. Les « charmes puissants » qu'évoque Alcide appartiennent à la manière de son interprète, décidément sans rival dans un répertoire qui n'aime ni l'anémie ni la grimace ni l'éclat indifférent Car tout est là : caresse et noblesse de la déclamation, extensions aiguës capables à la fois d'héroïsme et d'effusion  pianissimo, conscience rhétorique résorbée en poésie, beauté soutenue d'une phrase pourtant malléable, exactement nonchalante. Jouissive est la manière dont Van Mechelen module avec son émission la luminosité d'un timbre qui n'oublie pas la science des ombres, jusqu'à une sorte d'aura très chamelle. Si la volupté règne dans cet album ‑ également à l'orchestre, sensuel, remarquablement dosé et enveloppant ‑, c'est aussi en vertu dune imagination toujours à l'affût des caractères mouvants du texte. Dans Achille et Polyxène (commencé par LulIy, achevé par Collasse), l'interprète n'uniformise pas le pathétique et ses couleurs entre les acte Il et V. Collasse justement est une autre révélation, de la galanterie irrésistible (Énée et Lavinie) au monologue sublime de Thétis et Pélée, dont l'inquiétude frémissante ne trouble jamais le port aristocratique des vers de Fontenelle. Une réussite aussi grande qu'éclairante, et un appel à suivre une veine encore rare au disque : l'hommage aux grands créateurs de l'opéra baroque français.


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