Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 690 (05 /2020)
Pour s'abonner / Subscription information


Erato 9029526995



Code-barres / Barcode : 190295269951

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Loïc Chahine

 

L’idée d'un duo clavecin-luth n'est pas folle. François Le Gallois note en 1680 que Louis XIV « prenait un plaisir singulier » à « entendre toutes les semaines » des pièces de clavecin « jouées par Hardel lui-même de concert avec le luth de feu Porion ». Mais chez François Couperin, dont le Premier Livre paraît plus de trente ans après ce témoignage ? Ce Couperin qui s'insurge de voir ses pièces jouées sans les ornements qu'il a scrupuleusement indiqués, et note, dans la préface de son Troisième Livre (1722) qu'elles « ne feront jamais une certaine impression sur les personnes qui ont le goût vrai, tant qu'on n'observera pas à la lettre tout ce que j'y ai marqué, sans augmentation ni diminution ». Soulignons: sans augmentation.

Admettons que Jean Rondeau et Thomas Dunford n'aient cure de la loufoquerie historique, ni des « intentions de l'auteur » : le résultat ne convainc guère. Les Barricades mystérieuses, auxquelles le disque emprunte son titre, ne gagnent que du kitsch à l'ajout d'un luth (en l'occurrence d'un archiluth), tout comme La Ménétou, qui accumule les contre-chants doucereux pour finir en un unisson mièvre.

Le procédé semble plus approprié aux Pièces de théorbe et de luth, de Robert de Visée, publiées en 1716, où le compositeur laisse davantage de liberté d'instrumentation. Mais Rondeau et Dunford se complaisent ici dans un vrombissement du grave et dans une alternance basique dans la répartition du thème (un coup le clavecin, puis l'archiluth à la reprise); là ils diluent une sarabande dans sa lenteur affectée. Du reste, on s'agace de cette manie de commencer au ralenti pour attraper le tempo en marche (Les Barricades mystérieuses, le Prélude no 1 de L'Art de touche le clavecin, La Ménétou). À l'inverse, le début de La Jupiter de Forqueray court la poste, bannissant toute majesté et privant l'auditeur de la surprise que réserve le dernier couplet, furibard. Et ce Dodo dénué de poésie...

Côté invités, Marc Mauillon ne se tire pas trop mal d'un Mes jours s'en vont finir de Lambert à la tessiture probablement trop grave pour lui tandis que Léa Desandre vacille dans la chaconne Sans frayeur dans ce bois (Charpentier), minaudant sans second degré.

Savourons quelques beaux moments, tel le Prélude de d’Anglebert (au clavecin seul), ou surtout une extraordinaire Portugaise de Forqueray: le pétulant duo y trouve le ton et les couleurs justes, jouant des contrastes, apportant aussi bien l'énergie vitale que la mélancolie sombre qui voile certains passages Si seulement tout le disque était de la même eau ! Dans leur note d'intention, Jean Rondeau et Thomas Dunford se définissent comme « des flibustiers de la joie. Voilà ! » De la leur, sans doute, mais pas de la nôtre.


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
(Bouton en haut à droite)

Pour acheter l'album
ou le télécharger


To purchase the CD
or to download it

Choose your country and curency
when reaching
Presto Classical
(Upper right corner of the page)

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews