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Classica # 227 (11 / 2020)
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Code-barres / Barcode : 28948383580

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Analyste:  Philippe Ramin

 L’album Veni Vidi Vinci nous invite à découvrir l'oeuvre de Leonardo Vinci exaltée par l'empire vocal du contre-ténor. Il possède l'art et la manière.

Grand serviteur de ce nouveau genre napolitain dit opera seria, Leonardo Vinci composera plus d'une trentaine d'ouvrages où une ligne de chant simple et efficace et la variété des récits accompagnés se prêtent merveilleusement à l'art de l'ornementation et à une peinture approfondie de la psychologie des personnages. À l'art fondateur de son illustre devancier Alessandro Scarlatti, il ajoute une vivacité, un attrait pour des contrastes marqués, de nouvelles idées de coloris orchestral. Pergolèse, son élève, Vivaldi et Haendel puiseront dans cette technique de composition où l'orchestre commente et prolonge le texte poétique, le Saxon en consolidant le vocabulaire expressif

Dans un abondant florilège d'airs de bravoure et de sentiments, Franco Fagioli recrée non seulement l'univers des castrats les plus célèbres comme Farinelli et Carestini mais s'approprie également quelques arias destinées à la mezzo Faustina Bordoni ou au ténor Giovanni Paita. La construction sonore de l'enregistrement en flattant légèrement la voix évoque la puissance vocale tant vantée des castrats mais tout cela est fait avec naturel et dans le plus grand respect des timbres. Dans le très haendelien « Più non so finger sdegni » (Il trionfo di Camilla, 1725), dont les retards de la basse instillent une tension vite démentie par de souples triolets, le chanteur sculpte une émouvante ligne de chant, le da capo orné intensifie les sous-entendus de l'harmonie: c'est divinement réalisé. Le compositeur utilise volontiers ces figures de triolets dans les parties intermédiaires afin d'accroître la fluidité du discours, procédé repris dans les improvisations du continuo dans le beau « Sorge talora fosca l’aurora » (L’Ernelinda, 1726) où le chanteur réalise de superbes sons filés et de fort habiles notes répétées. Le bel équilibre entre un orchestre très sensuel et une voix dont la longueur étonne permet une éloquence de tous les instants. Fagioli tire profit de la moindre suggestion harmonique à la manière d'un excellent vocaliste de jazz, c'est du grand art. Passant du bel canto, dans son sens littéral, à un chant purement instrumental, Fagioli revalorise des tournures conventionnelles ; ici les marches de septième insistent et cajolent comme dans « Gelido in ogni vena » (Siroe, re di Persia, 1726), les respirations physiques et musicales s'harmonisent avec bonheur.

Évoquant sensiblement le futur Acis et Galatée de Haendel, les flûtes à bec s'invitent dans le délicieux « Quell'usignolo ch’e innamorato » (Gismondo, re di Polonia, 1727), secondées par un clavecin volubile, et quand Fagioli orne amoureusement un chant d'un intérêt limité sur le papier, on évite le décoratif au profit d'une rhétorique parfaitement aboutie et cohérente. L’air « Barbara, mi schernisci » (La Rosmira fedele, 1725), tant admiré par Haendel, combine chromatismes et modulations étonnantes sur lesquels le contre-ténor laisse libre cours à un tempérament dramatique qu'il pousse dans ses derniers retranchements dans « Nave altera, che in mezzo all'onde » (Gismondo), tour à tour soutenu ou assailli par des cors particulièrement colorés et virtuoses.

La liaison entre les registres est formidablement réalisée, nulle hystérie dans ce chant incandescent où Fagioli calibre parfaitement ses effets. On s’invite déjà chez Pergolèse avec le tonique «Sull'afi del suo amor » (L’Ernelinda) où la vocalisation des doubles-croches, impeccable, montre l'étendue des moyens techniques d'une voix qui rassemble un impressionnant faisceau de qualités et à qui tout semble facile. De Pergolèse à Haydn, le pas est franchi avec le récitatif accompagné « Ove corri? » (ibidem), tout droit sorti de La Création, là encore l'incarnation est intense et communicative, l'anticipation du texte admirable.

On aurait pu craindre une certaine uniformisation par l'appropriation d'airs destinés à différents types de voix, force est de constater que l'artiste convainc par l'homogénéité des registres, une saisissante agilité et une belle variété de couleurs. L’ensemble Il Pomo d'Oro, cette fois confié à la direction de la violoniste Zefira Valova, accompagne avec toute la souplesse souhaitable ce récital flamboyant, le travail sur les équilibres et les textures sonores est très abouti, le choix de quelques variantes de modes de jeux aux reprises, archet ou pizzicato, très pertinent et réalisé avec un art consommé.

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