Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble:
 |
Outil de traduction (Très approximatif) |
|
Analyste:
Denis
Morrier Pour se mesurer à l'impressionnante discographie de ces Répons des Ténèbres (dominée par les Hilliard, les Tenebrae, A Sei Voci ou plus près de nous La Compagnia del Madrigale), les Graindelavoix ont opéré une véritable métamorphose. Fi de l'âpreté vocale, des rugosités, des emprunts douteux aux traditions populaires ! Björn Schmelzer a fait taire en lui l'ethnomusicologue au profit du musicien. Son interprétation s'est assagie, alors même qu'il aborde une oeuvre toute en paradoxes, entre académisme formel et hardiesses visionnaires. Sa lecture de l'ultime publication (1611) du prince meurtrier parait presque conventionnelle : les voix sont équilibrées, harmonieusement timbrées, avec des émissions franches et claires. La soprano use d'un délicat vibrato, la basse fait retentir ses graves abyssaux; l'intonation est soignée, l'intelligibilité optimale. Schmelzer souligne avec justesse tous les contrastes, souvent violents, entre les tensions dissonantes et la pureté des consonances, les fulgurances doloristes et la gravité méditative. Dans les répons, quelques tics hérités de l'ancienne manière des Graindelavoix ressurgissent parfois: les chromatismes erratiques engendrent des glissements, en l'occurrence bienvenus ; les cadences sont parées d'ornements fluides, mais vite systématiques. En revanche, les maniérismes abondent dans le plain-chant, envahi de micro-intervalles et de tremblements orientalisants. Leur effet paraît d'autant plus saugrenu que la couleur des voix, toutes septentrionales, n'évoque jamais les rivages de la Méditerranée. Et moins encore la brûlante Campanie, terre éruptive qui vit naître ces chefs-d’oeuvre au mysticisme ardent, emplis de remords inavoués et de poignants repentirs. |
|
