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Diapason # 692 (09 /2020)
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Harmonia Mundi
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Analyste: Vincent Genvrin

 

Publié en 1713, le Premier Livre de clavecin peut-il être considéré comme une oeuvre de jeunesse ? Certes François Couperin a déjà quarante-cinq ans, mais il est évident qu'il offre au public des pièces accumulées depuis fort longtemps, et pour certaines peut-être contemporaines des deux Messes d'orgue (1690). Hautain à souhait dans la Suite alla Louis Marchand qui ouvre le recueil (Sarabande La Majestueuse), Bertrand Cuiller s'assouplit au fur et à mesure que la musique « entre » dans le XVIIIe siècle (Sarabande Les Sentiments). Secondée par l'exceptionnelle netteté d'émission de son clavecin, sa virtuosité étincelante fait merveille dans l'accumulation de toutes petites pièces qui au coeur du Second Ordre, semble un monde vibrionnant d'insectes; apparemment le jeune Couperin aimait jouer vite... Mais Cuiller sait aussi accompagner le compositeur dans ses premières tentatives de transposer en musique son sens aigu de l'observation psychologique (La Garnier). Jean-Luc Ho appartient à cette nouvelle génération d'organistes qui pratique le clavecin à très haut niveau. Il y a là un atout majeur pour mieux comprendre l'approche du clavier qui fut celle des XVIIe, et XVIIIe siècles. Non qu'il faille jouer de la même manière les deux instruments, comme l'affirme un peu hâtivement Rameau. Si le toucher s'adapte tour à tour à la vivacité des sautereaux et à la profondeur des soupapes, l'outil qu'est la main se façonne d'une manière particulière en passant de l'un à l'autre. On peut en dire autant des tempos, du phrasé, des agréments, adaptés au lieu (sacré ou profane, résonant ou feutré) mais qui se rejoignent dans l'imagination du musicien. Voilà ce qui rend si intéressante cette nouvelle version de ces deux Messes abondamment enregistrées: les pleins-jeux conservent leur majesté, les récits leur caractère vocal, cependant l'ensemble est animé d'une ardeur nouvelle qui fait crépiter les timbres sans les violenter. Partenaire régulier des organistes, l'ensemble de Thomas Van Essen offre un idéal plain-chant, coloré par la sonorité chaude du serpent. Lent, solennel, un peu rugueux dans les alternances de la Messe à l'usage ordinaire des Paroisses, il se fait aimable et coulant dans celle propre pour les Convents de religieux et religieuses. Cette dernière, unitonique, requiert en effet un plain-chant dit « musical », sorte de synthèse entre la tradition monodique et le goût moderne. Parlant la même langue, orgue et voix ressuscitent l'ambiance très particulière des couvents de France à cette époque, faite de douceur de vivre, du plaisir de côtoyer de belles choses, et du souIagement de s'être débarrassé des inquiétudes jansénistes. Cela se déguste comme les confitures que fabriquaient, dit-on, les Augustines de Vitré. L'orgue construit pour les Cordeliers de Châlons-sur-Marne, transféré à Juvigny en 1791, correspond parfaitement à l'instrument intime réclamé par la partition. Seuls les pleins-jeux accusent par leur acidité l'époque où ils furent restitués (1994). On ne fait pas de bonnes confitures avec des fruits verts... Quant à celui de Saint-Michel-en-Thiérache, il s'imposait de lui-même par sa beauté et sa disposition rappelant celle de Saint-Gervais à Paris où régna la dynastie Couperin.


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