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Diapason # 693 (10 /2020)
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HDB Sonus
HDB01



Code-barres / Barcode : 080689579300

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Luca Dupont-Spirio

 

Qui n'a pas eu le coup de foudre en écoutant Rinaldo ? Partition brillante qui livre un tube toutes les vingt minutes, de « Sibilar » à « Or la tromba » en passant par l'inusable « Lascia chi’o, pianga ». Livret enchanté où les esprits d'outre-monde croisent les dragons crachant leur flamme, entre une métamorphose et une vision de jardin féerique. Spectacle grandiose et léger à la fois, sur une trame de l'imprésario Aaron Hill - mise en vers italiens par Giacomo Rossi - qui adapte la Jérusalem délivrée du Tasse au goût anglais pour la magie et le théâtre à machines.

Premier opéra italien écrit directement pour Londres, Rinaldo fut déjà le plus populaire du vivant de Handel. Ottavio Dantone revient à la version originale de 1711, mais s'inspire de moutures ultérieures lorsqu'il écarte le personnage d'Eustazio, transpose le rôle-titre un ton plus bas (comme on le fit en 1731 pour Senesino) ou coupe dans le texte jusqu'à enlever des airs et des scènes. À un orchestre réduit (huit violons en tout), le chef italien imprime son geste électrisant, jouant la vigueur du détail plus que le souffle du tutti. Si l'enfer peine parfois à rugir, si « Lascia » prend un peu trop les appuis de la danse, si « Ah! crudel » ou « Cara sposa » manquent de teintes sombres, chaque page frémit et se révèle sous un jour nouveau.

Car plutôt qu'elle ne cherche des climats, la musique semble jaillir des interprètes, prenant à rebours notre idée de la pièce. Point d'affectation dans ces coulseurs pleines, ces élans généreux que Francesca Aspromonte prête à Almirena - fraîcheur d'« Augelletti ». Même franchise chez Delphine Galou dont le timbre dense mêlé de noirceur, la théâtralité ardente peignent le plus physique des Rinaldo, toutefois prudent dans des vocalises où l'intonation s'effile. Émission charnue, verbe musclé, Luigi De Donato, porte fièrement l'armure d’Argante; Raffaele Pe (Goffredo) trouve un moelleux insoupçonné pour « Sorge nel petto ». Seule Anna Maria Sarra (Armida) parait flotter dans son costume, une projection mate n'aidant pas à invoquer les furies.

Entre les idiosyncrasies de Jacobs et le luxe orchestral de Hogwood - rehaussé par Cecilia Bartoli, un peu pâli par David Daniels -, ce live (capté à Côme en janvier 2019) ouvre une voie avec laquelle il faut désormais compter.


 

   

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