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Diapason # 700 (05 /2021)
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Harmonia Mundi
HMM902637
Château Versailles 
CVS033
Code-barres / Barcode : 3149020943052 Code-barres / Barcode : 3770011431380



 

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Analyste: Denis Morrier

Indémodable succès planétaire depuis les exécutions de 1753 au Concert Spirituel de Paris, le Stabat materde Pergolèse jouit d'une discographie pléthorique aux options vocales et instrumentales les plus diverses. Dans l'enregistrement versaillais de Marie Van Rhijn, recourant à deux excellents faisettistes, le timbre cristallin de Samuel Marino; et celui plus charnu de Filippo Mineccia se marient à merveille, alliant intériorité et lyrisme, luminosité et pathétisme. Cet harmonieux duo s'adonne à une ornementation stylée, qui met en valeur l'agilité saisissante du sopraniste (jusque dans le fulminant ln furore de Vivaldi) et la précision raffinée de l'alto (magnifique Stabat de Vivaldi). La jeune cheffe distingue avec pertinence les différents plans sonores et restitue le contrepoint avec transparence, Jusque dans les fugues les plus denses (Fac ut ardeat). Elle souligne avec grâce l'articulation des parties, l'accentuation rythmique et dynamique, multipliant les références chorégraphiques (gracieux O quam tristis de Vivaldi).

 

La version Minasi, avec ses deux cantatrices, semble situer l'Italie aux antipodes de Versailles. Les aigus rayonnants de Giulia Semenzano et le contralto velouté de Lucile Richardot sont souvent mis en péril par une direction cyclothymique. Certes d'une grande précision technique (équilibre et justesse impeccable), cette lecture revêt une théâtralité exagérée et spécieuse. L’illustration des mots est outrée (contrastes exacerbés du vidit suum), tend au contresens (afflicta est proféré avec une grandiloquence digne de terribilis) et menace jusqu'à l'architecture: l'urgence excessive du Fac ut ardeat donne l'impression d'une conclusion définitive, quand l’Amen final est prosaïquement expédié. Cet expressionnisme de surface s'avère bien éloigné des fulgurances doloristes d'un Harnoncourt (Teldec) ou d'un Jacobs (HM).

Le complément pose également question. Comment le style convenu et formulaire des compositions du catalan Joan Rossel a-t-il pu inciter à les attribuer un temps à Pergoièse? Mystère insondable à laquelle l'exécution décorative de Minasi (malgré son brio au violon-solo) ne donne pas de réponse satisfaisante.

   

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