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Diapason # 705 (11/2021)
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TACET265 Klarthe 
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Analyste: Paul de Louit

 

La Partita n° 1 est bien la seule chose qu'ont en commun ces deux visions diamétralement opposées de Bach au piano : l'une tout en concentration, l'autre en maniérismes.

Chez Evgeni Koroliov, la suite de danses baroque s'est éloignée de la salle de bal comme du salon pour s'en aller vers la chapelle. Savourée (ou méditée) à des tempos qu'on pourra dire de sénateur, chaque partita trouve ici un cheminement spirituel. Le refus des extrêmes, la pédale parcimonieuse voire absente, un contrôle aussi absolu de la polyphonie et de l'agogique pourraient signifier de la raideur ou de la froideur. Non pas. Tout au contraire, quoique guère accentuée, la vie métrique est bien là, et même à la française quand il le faut, et avec même des agréments ajoutés, jamais gratuits, toujours organiquement intégrés au discours et prenant leur juste part à une rhétorique dont le registre est sans conteste l'élégiaque.

Rien de cette cohérence ni de cette intériorité dans le « Prisme Bach » d'Hélène Tysman, naguère finaliste au Concours Chopin de Varsovie. Sa recherche de « recréation/récréation » dit privilégier l'improvisation, mais ne vous y trompez pas : chacun de ses grands airs ou de ses petites manières est soigneusement calculé, depuis une Fantaisie chromatique noyée dans le moindre arpège jusqu'au délire ornemental des reprises de la Partita no 1 . Une sensationnelle indépendance digitale dégage çà une note, là un motif, dans une vision traditionnelle de la fugue où seule importe la suite d'entrées du sujet, tout le reste dans l'ombre. Nulle rhétorique ici, mais un happening où alternent prostrations et gesticulations, chuchotis et éclats de voix ; une page grise où, dispersées, des lettres noires ne constituent pour le lecteur ni des phrases ni même des mots.

Virtuose, peut-être : mais il suffit de comparer les deux courantes de la BWV 825 pour voir où réside la vraie bravura , qui ne se confond pas avec la rodomontade.
 


   

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