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Diapason # 706(12/2021)
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 Aeolus 
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Hanssler 
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Reviewer: Paul de Louit

Nulle réserve sur l'orgue adopté par Samuel Kummer pour son Art de la fugue : somptuosissime instrument de Naumburg, dont Altnickol fut le premier organiste. La restauration d'Eule a résolu les problèmes d'« égalité » et d'« intonation » qu'avait relevés Bach en 1746 (et en français), et les timbres des détails (principaux et gambes des Contrepoints I, III et V ) comme des ensembles sont à couper le souffle. Kummer se repose un peu trop sur l'adaptation de Helmut Walcha, en recourant quasi systématique-ment à la pédale ; mais la virtuosité de l'organiste de Dresde ferait presque oublier les lourdeurs qui en découlent : ainsi s'offre-t-il le tour de force de jouer en trio les fugues à trois voix. Sans éclipser ses grands prédécesseurs, son sens du style et du discours, les couleurs et les articulations audacieuses ( Contrepoint X ) imposent une voix bien à lui, somme toute assez nouvelle.

Difficile d'imaginer contraste plus flagrant qu'entre les deux versions pianistiques qui nous arrivent en parallèle. Filippo Gorini, d'un côté, s'abîme dans les éthers avec la révérence pusillanime de qui touche au sacré : chaque plage ou presque débute dans un pianissimo qui, sans doute, se veut mystique, quitte à procéder ensuite à une construction en crescendo comme les organistes traitaient naguère les fugues par principe. Derrière se lit un autre cliché : l'œuvre testamentaire. La fugue inachevée s'effiloche comme l'ultime méditation du grand homme qui s'apprête à la poursuivre devant son créateur - pour rappel, il se pourrait bien qu'elle fût antérieure au reste de l'œuvre, à laquelle elle n'appartient probablement même pas.

De son côté, Eloïse Bella Kohn surjoue l'autorité, le geste rhétorique, les petits rubatos, l'agrémentation ostentatoire. On s'ennuie moins, certes : les Fugues VIII à ont incontestablement de l'abattage et la fin proposée par Thierry Escaich ne dépare pas. Cependant, les finitions laissent à désirer ; notamment, les articulations s'avèrent souvent incohérentes entre le legato des énoncés et un lié par deux qui s'impose au bout du compte presque partout, avec un toucher et un instrument passablement disgracieux.

 


   

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