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Classica # 239 (02/2022)
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Analyste: Philippe Venturini

« Ah ! petite Brunette, / Ah ! Tu me fais mourir ! » se plaint « le beau berger Tircis » à « sa chère Annette ». Ces vers auront inspiré à l'éditeur Christophe Ballard le titre de son recueil paru en 1703, Brunettes ou Petlts Alrs tendres. Le succès sera tel que deux autres volumes paraîtront, en 1704 et 1711, totalisant quelque 500 titres. 0n y visite cette Arcadie que le siècle précédent avait rêvée, notamment dans les intermèdes musicaux des comédies-ballets, et que la peinture d'alors (Watteau, Natoire, Boucher) aimait tant. Les amours, souvent contrariées, les tendresses et les plaisirs de la bouteille s'y chantent dans des teintes pastel.

Anonymes, signés de plumes fameuses (Lambert, Jacquet de La Guerre, Rameau) ou pas, ces airs se distinguent par leur charme, leur forme simple et leur tournure mélodique séduisante. Les Kapsber'girls, une soprano, une mezzo-soprano, une viole et un théorbe, en offrent une anthologie très habilement agencée, ponctuée de quelques interventions instrumentales et animales (bêlements, gazouillis). Ces quatre merveilleuses musiciennes excellent autant dans l'élégie (J'avais cru qu'en vous aimant) que dans la verve populaire (Amis, laissons l'amour).0n admire l'élocution et la justesse exemplaires des deux chanteuses, la délicatesse des deux instrumentistes, I'intelligence dramatique et la sensibilité musicale du quatuor. Interprétées avec une pareille grâce, ces brunettes ont de quoi faire mourir de plaisir.

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