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Analyste: Jean-Christophe Pucek Innocentes ou coquines, les brunettes sont un lieu de rencontres. Entre savant et populaire, tradition et modernité, elles dessinent un univers où l'idylle pastorale oscille entre le rose de la convention et le rouge du désir ; Tircis et Climène dialoguent avec noblesse ( Je vous dis que je vous aime ), Colin s'empresse auprès de sa Catin ( Colin disoit à sa bergère ). Porté par le travail éditorial de Bal-lard dans les premières années du siècle, le genre, « qui va beaucoup plus au cœur qu'à l'esprit », plonge ses racines parfois jusqu'à la Renaissance : des chansons strophiques, dont la simplicité n'exclut pas le raffinement, comme le montrent les tendres Rossignols d'Elisabeth Jacquet de La Guerre, d'un charme qui n'a nul besoin d'appeau. On soupire (J'avois crû qu'en vous aymant reçoit une lecture ardente), on badine (Si je fais l'amour de Saggione), on s'enivre ( Amis, laissons l'amour, saisissons la bouteille de Le Clerc), et la nature épouse le rêve des amants ( Boc-cages frais de Pinel). Après avoir scintillé chez celui qui leur donne leur nom ( Diapason d'or, cf. no 690 ), les Kapsber'girls nous enchantent dans ce répertoire peu fréquenté. Leur capacité à y faire surgir la vie et les couleurs ( Dans ce beau vallon perlé de rosée), la variété des registres, vocaux ou instrumentaux (les percussions astucieuses d' En vérité, sévère Margotton ) font oublier les lieux communs des textes. De chaque pièce elles font une saynète drôlatique (Nicolas va voir Jeanne ) ou mélancolique (Vous qui sçavez si bien plaire ). Passons sur quelques effets inutiles (ces ponctuations ovines, par exemple), de minimes décalages, un Lambert en retrait. Et inclinons-nous devant la netteté de l'élocution, la qualité de l'accompagnement comme des pastilles instrumentales (l'ombreuse Sarabande de Dupuits, les volutes captivantes de la Chaconne de Hotman). Voilà autant de tableautins où François Boucher se serait senti chez lui.
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