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Outil de traduction |
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Analyste:
Jean-Christophe Pucek
À la désolation, opposer le foisonnement ; à la roideur de la
mort, le flux mouvant de la vie. Weckmann, principale figure de ce programme,
était encore un jeune enfant lorsqu'éclata la guerre de Trente Ans qui allait
plonger le Saint Empire dans une horreur quasi quotidienne. L'Italie avait eu le
temps de distiller ses nouveautés ; des canzoni, toccate et ricerc Voilà ce qu'illustrent à merveille les deux premières pièces du programme imaginé par Yoann Moulin : aux chromatismes acérés de la Toccata en mi mineur répond l'élan sévère de la Canzon en ré mineur, rendues l'une et l'autre avec une sûreté de trait confondante. La Partita en si mineur qui suit témoigne, entre brio et intimisme, de la pénétration du style français, pétri des rythmes de la danse comme des trouvailles des luthistes. De Froberger, que Weckmann rencontra à Dresde au mitan du siècle, on a plaisir à entendre le Ricercare XI, étincelant et fragile comme la première neige, sous des doigts où la poésie affleure sans cesse. Moulin a l'excellente idée de transposer au clavecin des pièces destinées à l'orgue, embrassant d'un même geste sphères publique et privée ; le Benedicam Domino de Scheidemann chante avec ferveur, le Praeludium de Tunder sonne avec une noble ampleur. Le parcours s'achève avec Christian Ritter, compositeur de la génération suivante. L'affliction qui émerge, dans sa Suite en ut, de l' Allemande « sur le décès de Charles Xl, roi de Suède » (1697) est traduite avec autant de sensibilité que de pudeur. La conclusion revient à une Sonatina en ré aux éruptions et aux silences très phantasticus. Cette esthétique nouvelle s'y fait jour avec une éloquence, une délicatesse, une vigueur constantes révélatrices de la maturité discrète mais conquérante de Yoann Moulin. Gageons qu'il nous en contera les fantasmagories dans la prochaine étape de son exploration du clavier germanique au XVIIe siècle. |
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