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Diapason # 717(12/2022)
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Hortus 209



 


 

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Analyste: Denis Morier

 

Les sonates pour la musette -c'est le premier instrument mentionné sur la page de titre, qui en propose d'autres pour des raisons commerciales - d'Il pastor fido imprimées en 1737 à Paris racontent l'histoire d'une longue méprise. Quant à leur auteur d'abord : Jean-Noël Marchand les édita comme Opus 13 de Vivaldi, peut-être à l'insu du compositeur authentique, Nicolas Chédeville, dont il était le beau-frère - les arguments avancés dans la notice par Jean-Pierre Van Hess sont plutôt convaincants. Quant à l'instrumentarium ensuite : Jean-Pierre Rampal gravait en 1955 la première version sur flûte traversière. Frans Brüggen abordait dès 1968 la célèbre no 6 sur flûte à bec, suivi par bien d'autres. René Zosso puis Michèle Fromenteau s'y aventurèrent ensuite à la vièle à roue, Sarah Francis au hautbois. La musette de cour, petite cornemuse pour laquelle Chédeville, maître de l'instrument, composa spécifiquement son recueil, ne fit qu'une furtive apparition dans « L'Art de la Musette » célébré en 1983 par Jean-Christophe Maillard (Arion).

Voici donc la première interprétation fidèle du recueil entier brillamment servie par Van Hees, virtuose habilement accompagné à l'orgue ou au clavecin par Luc Ponet. L'écoute d'une traite peut vite lasser, le bourdon en continu soutenu par les accords d'orgue dominant la fluidité mélodique. Mais la dynamique expressive du discours s'y trouve éclairée par les propriétés (et les limites) de l'instrument. La légèreté badine des versions avec flûte fait place à une texture dense et colorée.

 

Enfin, le curieux pourra dénicher sur YouTube la gravure éditée en 1973 par Archiv et jamais reprise en CD : la vièle à roue de René Zosso, le hautbois d'Alfred Sous, le violon d'Eduard Melkus et les flûtes traversière et à bec de Hans-Martin Linde s'y échangent pourtant le matériel en une lecture enjouée, certes, sans musette, mais d'une irrésistible saveur.



Hortus 209

   

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