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Diapason # 720(03/2023)
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 Château de Versailles
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Analyste: Loïc Chahine

 

1677. La cour voit dans Isis des allusions moqueuses à une maîtresse passagère de Louis XIV, Marie-Elisabeth de Ludre, et à la jalousie de la maîtresse en titre, Madame de Montespan. Cette dernière avait déjà essayé de substituer Jean de La Fontaine au librettiste Philippe Quinault ; cette fois, le dramaturge tombe en disgrâce et Lully va devoir trouver un autre poète.

 

Afin de pouvoir rapidement présenter une nouvelle partition, le musicien remanie la tragi-comédie-ballet Psyché qu'il avait faite avec Molière et Corneille en 1672. Il s'adjoint l'aide de Thomas Corneille, frère de Pierre, qui lui-même se fait assister par son neveu Fontenelle, afin de supprimer les parties parlées et fournir de quoi les remplacer tout en conservant la tournure de l'action. « C'est de quoi Monsieur de Corneille vint à bout, et il sut la réduire en opéra sans rien changer du sujet de la pièce », commentera le Mercure galant . Le public parisien découvre le résultat le 19 avril 1678.

 

C'est cette version « tout opéra », déjà enregistrée à Boston sous la double houlette de Paul O'Dette et Stephen Stubbs (CPO, 2007, cf. no 561 ), que Les Talens Lyriques ont choisie pour célébrer l'anniversaire de Molière. Les mérites de l'une et l'autre lectures sont tout différents. L'équipe emmenée par Christophe Rousset a l'avantage d'être entièrement francophone et parfaitement rompue au style de Lully : rien ici qui ne soit idiomatique, rien qui frôle le vulgaire (à part l'ajout de percussions au trio des Furies). Par rapport à d'autres réalisations lullistes des mêmes, la direction est plus généreuse, plus fluide aussi. Ecoutez le charme qui émane de l'Air des nymphes (au II), l'ambiance délicate de la ritournelle au début du IV, le caractère impérieux de l'Air des Furies !

 

Le chef mène les récitatifs avec toujours autant de soin. La distribution manque toutefois de personnalités fortes, ce qui rend certains moments peu captivants - telle la majeure partie de l'acte III, alternant récitatif et « petits airs » accompagnés par la seule basse continue tout juste ponctué de trois ritournelles et d'une danse en guise d'entracte conclusif.

 

Ambroisine Bré se voit confier le rôle-titre ainsi que celui de la Femme affligée à qui revient la Plainte italienne, aux diminutions bien assumées. Malgré un chant très détaillé et du caractère (tout l'acte III l'atteste), la mezzo peine à émouvoir. En mal de fraîcheur, le personnage ne convainc guère - le timbre est parfois tiré et non sans aigreur. En Vénus, Bénédicte Tauran a davantage de séduction et d'abattage. Cyril Auvity déploie des trésors de délicatesse et de contrastes en Amour, et donne même du relief au récit de Mercure (acte V). Mention honorable également pour Zachary Wilder, qui livre de beaux airs d'Apollon.

Faute de chœur constitué - les solistes se rassemblent pour en tenir lieu -, les grandes pages du prologue et du V manquent un peu de cohésion.

Malgré quelques traits exotiques et une prononciation du français loin d'être toujours idéale, on trouvait plus d'enthousiasme, plus de couleurs et plus d'idées (cf. le chœur final) chez les Bostoniens. Deux versions complémentaires, en attendant un idéal auquel la partition elle-même ne se prête guère.

 

 

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