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Diapason # 720(03/2023)
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Glossa
GCD923536




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Analyste: Denis Morrier

 

C'est une figure du bel canto au siècle que ressuscite ce récital. Née à Bergame on ne sait quand, sans doute formée à Milan, Anna Maria Strada del Pò débute à Venise avec Vivaldi avant de développer sa carrière à Naples avec Leo, Vinci et Porpora. Elle fait oublier un physique disgracieux (Burney la surnommera « The Pig ») par des moyens vocaux exceptionnels qui subjuguent Handel : il l'emmène à Londres en 1729 et compose pour elle quelques-uns de ses plus beaux airs, tel le « Scherza in mar la navicella » de Lotario, qui lui assure un premier triomphe en Angleterre. Ses véhéments mélismes, figurant les flots tempétueux, filent la métaphore d'une existence prise dans la tourmente. Marie Lys aborde ce monument - un des chevaux de bataille de la Bartoli - avec un brio démonstratif, notamment dans le da capo, où la pyrotechnie des ornements n'est pas exempte de stridences (cadence finale). La Strada crée surtout le rôle-titre d'Alcina, dont le fameux lamento « Ah! mio cor » est ici rendu avec tout le lyrisme et le pathétique attendu, mais terni par une prise de son privilégiant exagérément la voix au détriment de l'orchestre - la lancinante partie de basse est ici trop peu soulignée.

La beauté des accompagnements pâtit souvent de ce déséquilibre : on aimerait que le soprano de Lys se love plus tendrement dans les beaux contre-chants des violons de l'émouvant « Se sveglia, se dorme » de Sarro. Dans « Ruscelletto amante » de Vinci, à la malice judicieusement soulignée, on peine à distinguer la délicieuse partie de flautino qui dialogue avec elle. Les airs virtuoses (étourdissant « Con più diletto » de Vivaldi) permettent à la chanteuse de faire admirer sa vélocité et la précision de vocalises perlées, au staccato incisif, qui ne sont pas sans évoquer la technique de Cecilia Bartoli. Son vibrato, très accentué dans les aigus forte, occulte parfois la netteté des trilles, comme dans le fulminant « Quando irato il ciel » de Leo. Les subtilités d'écriture et la variété des affects s'effacent derrière l'exhibition virtuose d'un chant indéniablement assuré.

 


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