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Jean-Christophe Pucek John Eliot Gardiner a eu plusieurs vies discographiques. En 2021, un coffret nous rendait son legs gravé pour Archiv et Deutsche Grammophon (cf. no 702) ; voici l'intégralité des disques publiés sous étiquettes Erato, Emi et Virgin. L'élégante boîte noire s'impose comme le témoin privilégié des métamorphoses, de la diversité du parcours d'un chef peu enclin à se laisser enfermer dans une catégorie. Tout commence en 1976 par deux galettes demeurées fameuses : les Musiques pour la reine Mary de Purcell et le Dixit Dominus de Handel. Encore modernes, les instruments déposent sur ces réalisations un voile sépia, mais le Monteverdi Choir est déjà étincelant de précision, de malléabilité. Vite, arrive Rameau (La Danse des Fêtes d'Hébé) pour compléter la triade. Puis, sans crier gare, Massenet à la tête de l'Orchestre national de l'Opéra de Monte-Carlo, pour un double album dont l'urgence théâtrale (Scènes dramatiques ), la finesse des atmosphères (Scènes alsaciennes) n'ont pas pris une ride. Les sillons baroques se révèlent pour un temps les plus fertiles. Handel trouve en Gardiner un interprète électif, capable de porter à la force du chœur la noblesse ardente d' Israel in Egypt comme d'insuffler à L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato une « animation sans panique », un « lyrisme sans affectation » (Piotr Kaminski, cf. no 714 ). En 1979, un an avant cet enregistrement qui fait toujours référence, le Monteverdi Orchestra avait connu une mue radicale, passant aux instruments d'époque à la faveur d'un hommage à la musique sacrée de Purcell, Locke, Blow et Humfrey, solennel sans être figé. Rythmes, couleurs peuvent alors asseoir un empire que plus rien ne viendra inquiéter. Salut à la France Après un galop d'essai encourageant (The Indian Queen de Purcell), l'Opus 3 puis la Water Music de Handel attestent la construction de l'identité sonore des English Baroque Soloists, vifs, acérés parfois, mais toujours soucieux d'un équilibre teinté de sensualité. L'Ode à sainte Cécile, jalon purcellien majeur, en offre un reflet éclatant qui s'apprête à rayonner sur scène. En juillet 1982, Rameau et ses Boréades bouleversent tout. Le succès de la recréation aixoise fait changer Gardiner de dimension. Nommé à la tête de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon en 1983, sa discographie documente cet élargissement : Chabrier (L'Etoile, 198 4), Messager (Fortunio, 1987), Gluck (Iphigénie en Aulide, 1987), Offenbach (Les Brigands, 1988) sont autant de joyaux servis par des distributions de haut vol. C'est racé, vigoureux, précis, spirituel en diable, rayonnant d'un plaisir gourmand. Captées en concert, les Symphonies nos 8 et 9 de Schubert ne marquent guère ; on n'en dira pas autant d'une sémillante Symphonie en ut de Bizet ni, surtout, d'une superlative Enfance du Christ de Berlioz, aux contrastes fouillés, ciselée avec ferveur et tendresse. L'activité intense du chef, sur un front qui le conduit jusqu'au récital où il accompagne Barbara Hendricks dans les mélodies de Ravel et Duparc, ne lui fait pas négliger ses English Baroque Soloists. S'ils brillent chez Bach sous un autre étendard, ils offrent ici, outre Tamerlano de Handel (1985), un Scylla et Glaucus de Leclair resté incontournable (1986). « Aller toujours plus loin dans le sens d'une vérité, d'une fraîcheur de l'interprétation » : soixante-quatre CD pour un même credo.
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