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Classica # 251 (04/2023)
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Analyste: Jorge Morales
 

Vertiges du madrigal

 

Les Arts Florissants poursuivent leur exploration de l'œuvre de Gesualdo, dévoilant l'obscurité de son style musical aux chromatismes et dissonnances inouis.

 

Carlo Gesualdo fit parler de lui après que, dans la nuit du 16 au 17 octobre 1590, il a assassiné son épouse, surprise avec son amant. Ce double crime, qui a marqué durablement les esprits à Naples et dans le reste de l'Europe, est à I'origine du mythe qui entoure la vie et l'oeuvre du musicien, surtout ses dernières compositions. En effet, les dernières années de Gesualdo sont marquées par la maladie, l'isolement, une dévotion religieuse exacerbée, la souffrance et la détresse mentale. C'est dans cette ambiance macabre que voit le jour, en 1611, deux ans avant sa mort, son cinquième livre de Madrigaux à cinq voix, publié en même temps que le sixième livre, et les Répons pour l'office des Ténèbres de la Semaine sainte, à six voix.


Les Arts Florissants qui poursuivent leur admirable enregistrement de la musique de Gesualdo (CHOC, CLASSICA no231, avril 2021) perfectionnent encore le travail sur la déclamation du texte et sur la restitution des effets dramatiques. C'est le cas du madrigal O dolorosa gioia (cinquième [ivre) où l'ensemble vocal restitue minutieusement les effets expressifs des sentiments contradictoires du poème : douleur et joie, mort et vie. L’interprétation d'O tenebroso giorno et d'Asciugate i begli occhi est tout aussi remarquable par le rendu sonore du caractère tourmenté et excentrique qui abasourdit véritablement l'auditeur. Dans le sixième livre, on sera particulièrement marqué par Belta, poi che t’assenti, où les chanteurs déroutent en insistant sur le chromatisme vertigineux du madrigal. D'autres puissants éléments expressifs, telle la dissonance, voire l'accumulation de dissonances, sont rendus musicalement avec brio, toujours au service de l'image sonore du texte : O dolce mio tesoro ou Ancide sol la morte. Sans oublier des pièces plus virtuoses qui ne cèdent rien à l'exacerbation de l'expression : Tu piangi, o Filli mia et Ardita zanzaretta.

Les neuf Répons des ténèbres du Jeudi saint mettent en valeur l'intensité dramatique des techniques issues du langage madrigalesque (dissonances et chromatisme).

C'est notamment le cas d' «  Ecce vidimus » (Troisième Répons) et de «  Seniores populi » (Neuvième Répons). De même, les six chanteurs redonnent vie aux images poétiques et aux concepts de « Judas mercator » (Cinquième Répons), « Eram quasi agnus « (Septième Répons) et « Miserere mei Deus « , traductions sonores de la profonde ferveur religieuse du compositeur à la fin de sa vie. Ce travail musical exceptionnel met en lumière l'obscurité du style musical tardif du « prince des musiciens «  et en dévoile toute la subtilité et la singularité.

 

 


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