On avait quelques préventions. Car Tim Mead
enregistre tant qu’on craint pour lui le destin d’un Lawrence Zazzo (timbre et
coffre comparables), brûlé par trop de hâte. Et parce que son récent album
italien (« Sacroprofano », enregistré huit mois avant pour Alpha Classics) ne
nous avait pas convaincus, pas plus que les derniers gravés par La Nuova Musica.
Mais le charme a agi… Mead rend ses lettres de noblesse au terme devenu
péjoratif de falsettiste, puisqu’il chante tout en fausset, mais un fausset
prolongé très bas, ce qui rend superflu, ou imperceptible, le passage en voix de
poitrine. On n’entendra donc ici aucun hiatus entre les registres, y compris
dans les pages sollicitant une vaste tessiture, comme In the Black Dismal
Dungeon de Purcell. Le legato, somptueux, s’impose dans quelques tubes pris
à un tempo lent, comme la plainte de The Fairy Queen ou l’Evening Hymn,
dont on pourra trouver l’« Alleluia » complaisant. Ceux qui ne jurent que par
les subtilités arachnéennes d’Alfred Deller seront déçus par une lecture qu’ils
jugeront univoque : l’hymne dépressif d’Humfrey manque de mystère, le Morphée
de Webb de légèreté. Comme le prouve le glorieux sostenuto de Vouchsafe,
O Lord de Purcell, l’interprétation préfère le lyrique à la rhétorique, ce
qui vaut pour l’accompagnement de Bates, d’une imparable fermeté rythmique,
jusqu’à l’uniformité parfois (chaconne de King Arthur), mais dont la
vigueur (Crown the Altar) tonifie un répertoire souvent voué aux brumes.
Et ne serait-ce que pour l’entêtant ground de Blow Lovely Selina, aux
dissonances épicées, divinement entonné par la basse de viole de Jonathan Manson,
on chérira cet album (à la notice indigente).
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