L'ensemble
Près de votre oreille approfondit son exploration du répertoire élisabéthain et
jacobéen en l'élargissant à la chanson accompagnée au luth. L'abondance des
sources révèle la popularité de ce genre entre 1597 et 1622 : d'une touche
assombrie (Like Hermit poore de Ferrabosco II) ou plus légère (What if
I seeke for love de Jones), il est devenu emblématique d'une époque qui,
deux siècles avant Victor Hugo, postulait que « la mélancolie est le bonheur
d'être triste ». Louons l'intelligence d'un programme proposant, à côté des
célèbres Dowland ou Holborne, les méconnus Jones ou Ford, ce dernier fort peu
enregistré malgré des qualités ici patentes. Le principe de remplacer la partie
dévolue au luth par des violes, envisagé par certains compositeurs eux-mêmes, ne
pose pas problème. Il accentue profondeur, ampleur dans certaines pièces (Wandring
in this place de Cavendish), même si l'on perd parfois en tension dans
d'autres. Bien équilibré, le quatuor vocal ne manque pas de séductions. Energie
et fraîcheur font passer sur quelques problèmes ponctuels de lisibilité (Lie
down poor heart de Jones). Certes, Paul Figuier ne concurrence pas Andreas
Scholl (HM, 2008) dans Go Crystall teares de Dowland, certes Never
weather-beaten saile de Campion a connu lecture plus vibrante chez Barbara
Bonney (Decca, 2001), plus évidente avec Stile Antico (HM, 2012), mais avec quel
éclat Can she excuse est emporté ! On saluera enfin le soin apporté aux
pages instrumentales, en particulier aux deux pavanes de Ford, où lyrisme et
poésie se nourrissent. Une belle réalisation qui vaut pour l'habile parti
qu'elle tire de ses choix esthétiques
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