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Diapason # 731 (03/2024)
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CPO 5555862



Code barres / Barcode : 0761203558629


 

Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

 

Frédéric II choya l'Opéra de Berlin comme son enfant, jusqu'à collaborer à l'œuvre de Graun : le roi fournissait une base dialoguée en prose française que le librettiste traduisait en vers italiens. Tel fut le cas de Coriolano (1749), du fameux Montezuma (1755) ou de Silla (175 3), inédit au disque. Ce drame de la conspiration, mêlant passions et discours sur le pouvoir, est monopolisé par les voix aiguës, suivant le goût du prince. Face à Octavie (amante de Posthumius, désirée par Sylla) et à sa mère, le dictateur et les sénateurs sont dévolus à des castrats.

 

Le choix, risqué, a été de confier ces figures masculines à des falsettistes. Au second plan, Hagen Matzeit (coloris attachant) et Valer Sabadus (assez dépassé par l'exhortation civique avec orchestre) restent honnêtes. Mais Samuel Mariño réduit le rebelle Posthumius à un bibelot affolé : raideur, éparpillement, notes piaillées ou peu justes. Fâcheux apparaît alors le déséquilibre du duo avec Octavie, et fatale la comparaison avec Julia Lezhneva (dans son récital consacré à Graun, Decca) pour «No, no, di Libia"

 

Le rôle-titre (créé par Carestini) bénéficie, lui, de l'intelligence musicale et poétique de Bejun Mehta, même si la voix n'est plus à son zénith. La superbe méditation qui clôt l'acte I (grand accompagnato puis onze minutes de haut lyrisme) captive, comme le duetto violent avec Octavie. Cet autre rôle, conçu pour la star de Berlin, Giovanna Astrua, sied à Eleonora Bellocci : des acidités certes, une noblesse relative, mais un chant à la fois expert et ardent, un verbe vigilant.

 

Parmi les comparses, la palme ne va pas à Roberta Invernizzi (la voix ne suit qu'inégalement les intentions de l'artiste) mais au confident de Sylla : Mert Süngu séduit par sa franchise, son sens du théâtre, la beauté étincelante de son ténor (l'air du II !).

 

Cependant, le héros pourrait bien être ici l'orchestre. Au niveau de ce que réussissait René Jacobs pour Cleopatra e Cesare (HM), Alessandro De Marchi et son ensemble servent, sans confondre nerf dramatique et gesticulation, la distinction sensible de ces formes, l'inquiétude sous le faste, le dialogue inlassable avec les chanteurs.

 


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