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Analyste: Denis Morrier Pour beaucoup, l'exécution d'un madrigal à plusieurs voix nécessite obligatoirement plusieurs chanteurs. C'est oublier que les théoriciens, depuis le début de la Renaissance (Castiglione) et jusqu'à l'émergence du baroque (de Vincentino à Doni) n'ont cessé de clamer que le chant soliste accompagné d'instruments est le mieux apte à rendre perceptibles les paroles et affects d'une polyphonie. Monteverdi lui-même, dans sa correspondance, évoque à plusieurs reprises l'introduction de cordes et même de vents dans l'exécution des madrigaux à la cour de Mantoue.
C'est la voie qu'emprunte Alberto Rasi en retenant des pages de la seconda prattica emplies de chromatismes tortueux ( Piagn'e sospira de Monteverdi - et non Gesualdo comme ici indiqué), de du rezze harmoniques ( Ah dolente partita de Wert) ou de stravaganze contrapuntiques ( Asciugate i begl'occhi de Gesualdo). La démonstration est probante. La voix claire de Roberta Invernizzi, parée d'un délicat vibrato, apporte mille raffinements à chaque vers. Un quatuor de violes souligne la richesse du discours, leurs timbres confondus suscitant une perception plus harmonique que contrapuntique de ce qui est désormais un véritable « accompagnement ». Des pièces instrumentales contemporaines, emplies elles aussi de hardiesses, apportent un complément pertinent. Seul regret : l'absence d'ornementation, tant dans les canzoni que les madrigaux. Des embellimenti et di-minuzioni , conformes aux pratiques que nous rapportent maints traités de l'époque, auraient pourtant rendu cette belle et (trop) scrupuleuse interprétation totalement exemplaire. |
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