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Classica # 133 (06/2011)
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Accent
ACC24235




Code-barres / Barcode: 4015023242357

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Marc Desmet

DE GHERSEM EN BÉATITUDE

Erik van Nevel nous fait découvrir la seule œuvre complète qui nous soit parvenue du compositeur flamand.

Originaire de Tournai, maître de chapelle adjoint à la cour d'Espagne puis compositeur auprès des archiducs Albert et Isabelle à Bruxelles, Gery de Ghersem fait figure d'inconnu et pour cause : toutes ses œuvres (sauf une !) ont disparu, occasionnant une perte immense pour l'histoire de la musique. L'unique rescapée du naufrage, une messe à 7 voix construite sur un motet de Francisco Guerrero Ave Virgo Sanctissima fait découvrir un univers singulier, tout en association de contraires : textures denses du contrepoint mais progression sereine du discours, sections variées, mais continuité absolue du flux, on ne peut que difficilement se soustraire au charme (au sens fort du terme) qui se déploie de cette composition... et regretter amèrement ne plus rien pouvoir connaître de quelque sept autres messes, sans compter 20 motets, psaumes, Magnificat, 15 chansons et près de 170 villancicos espagnols, tous disparus.

L'Ensemble Currende tient les textures en les étirant et en jouant avec une parfaite aisance de ce temps lisse parcouru d'infimes et constants friselis de surface. Le tact des tempos et la subtile animation souterraine des sections les plus longues (comme le Gloria) sont du plus bel effet pour soulever tout l'ensemble en apesanteur. Surtout, la direction et la finesse de réaction de l'Ensemble maintiennent une tension qui rend mémorables les deux motets de Guerrero, lesquels exigent précisément une lenteur habitée et présente. Le superbe Regina Coeli de cet auteur trouve ici une version exemplaire. L'entourage est des plus judicieux avec d'autres antiennes mariales provenant de ce contexte propre aux Pays-Bas espagnols.

La méditation de l'organiste bruxellois Pieter Cornet sur Regina Coeli, empreinte de mysticisme, est impressionnante. Currende se distingue enfin par une palette infinie de nuances et un sens du rythme incarné, qui font merveille dans la sensibilité déjà baroque du Regina Coeli et du Salve Regina de Peter Philips.
 

 

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