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Classica # 134 (07-08/2011)
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PHI
LPH002

Code-barres / Barcode : 5400439000025 (ID154)

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Herreweweghe « labellise » Bach

AVEC SON LABEL « PHI », PHILIPPE HERREWEGHE VEUT NOUS FAIRE PARTAGER LES FRUITS DE SA LONGUE CARRIÈRE RICHE D’EXPÉRIENCES.

Une relecture révolutionnaire et transgressive ne s’imposait pas » écrit Philippe Herreweghe dans son texte de présentation. Comparée à la première version, enregistrée pour Harmonia Mundi en 1985, cette seconde n’apporte effectivement pas de modification radicale. L’effectif reste semblable c’est-à-dire choral (trois voix par partie, la restriction à un chanteur par ligne laissant le chef dubitatif), l’accompagnement instrumental (les doublures par les cordes, le recours aux vents) à peu près identique n’était la présence d’un cornet et de trois trombones dans Fürchte dich nicht et la conception globale n’a pas vraiment changé, toujours organisée par la ductilité des lignes et la netteté du trait autour d’une douce lumière intérieure. Et comme pour marquer la continuité, certains musiciens figurent à l’affiche des deux programmes. Lucide, Philippe Herreweghe n’essaie donc pas d’argumenter le bien-fondé d’un nouvel enregistrement par « le phrasé, l’articulation, l’intonation, la nomenclature ou toutes autres questions grammaticales ». Il le justifie par une volonté de « chanter et jouer le texte à la manière d’un prédicateur inspiré (et jeune) qui transmettrait ce texte à ses paroissiens pour les convaincre tout en les émouvant ».

Rarement le geste aura suivi d’aussi près la parole, rarement la musique aura aussi bien illustré les déclarations d’intention. Dès les premières mesures de Singet dem Herrn ein neues Lied, cette seconde version surclasse la première par son allure plus cursive et affirmative de toccata à laquelle succède l’ivresse joyeuse de la fugue. Le bras du chef paraît plus assuré et la voix du choeur plus déterminé (et vice versa). Dans Der Geist hilft unser Schwachheit auf on admire la souple ondulation du mouvement ascendant des doubles croches, le rebond élastique du 3/8 et les effets de spatialisation stéréophonique du double ensemble. Komm, Jesu, komm s’anime d’appels à la fois pressants et humbles avant d’être éprouvé par les accidents chromatiques qui symbolisent le « chemin amer » de l’existence. Et dans l’étourdissant Jesu, meine Freude à cinq voix confié à des solistes, le poids des silences contraste avec le flottement quasi irréel, comme libéré de l’attraction terrestre, de « Gute Nacht, o Wesen ».

Indéniablement le « prédicateur » manie la rhétorique avec un art consommé de l’éloquence. Il sait autant le sens des mots que le pouvoir sur naturel de la musique.

Philippe Herreweghe et son Collegium Vocal de Gand se placent désormais sur les sommets de la discographie aux côtés de Kuijken (Challenge Classics, Accent), Suzuki (Bis), Jacobs (Harmonia Mundi), Bernius (Sony) et Jung (Tacet). Le chef voulait convaincre et émouvoir : il a admirablement réussi. Sans révolution ni transgression.

QUALITÉ DE L'ENREGISTREMENT 

C'est dans la Jesus-Kirche de Berlin... que les musiciens et l'équipe technique de Tritonus se sont donnés rendez-vous. La réverbération naturelle de l'édifice, habilement apprivoisée par les microphones, laisse les voix s'épanouir dans l'espace sans les égarer ni les durcir. Une large bande passante permet de suivre sans peine, comme au concert, la basse continue. L'enregistrement restitue autant l'homogénéité que la clarté polyphonique du choeur.

Philippe Venturini

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