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Classica # 119 (02/2010)
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OEhms 814 (2CD)

Code-barres / Barcode: 4260034868144 (ID8)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Marc Desmet
 

Singer Pur ressuscite Willaert

SINGER PUR NOUS DÉVOILE LES OEUVRES MAGNIFIQUES DU COMPOSITEUR FLAMAND ADRIAN WILLAERT, CONNUES DE QUELQUES INITIÉS SEULEMENT.


Il faut saluer dans cet enregistrement la résurrection d’un volume majeur de l’édition musicale de la Renaissance. La Musica Nova (1559) de Willaert fixe par écrit les inventions les plus singulières de son auteur à la façon d’un cycle, rassemblant pour moitié des sonnets de Pétrarque, pour moitié des motets latins. La partie profane intégrale enregistrée ici révèle l’incroyable hauteur d’inspiration de ce compositeur, l’un des plus grands polyphonistes de son temps, et détenteur dès 1527 du prestigieux poste de maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise, mais pourtant beaucoup moins connu au disque que Josquin des Prés ou Roland de Lassus. Singer Pur y déploie en continu les sortilèges d’un chant charmeur, captivant de la première à la dernière note par son aristocratique distinction, sans se départir de la plus exquise des nuances modérées. Et d’abord le fait que toutes les voix sont à volume sonore égal et que, comme rarement, il est loisible de fixer son attention sur le ténor, la basse, ou n’importe laquelle des voix médianes, tout autant que sur l’ensemble. Autant de découvertes de nouvelles parures d’un propos musical conçu comme un monologue intérieur en métamorphose permanente. L’anachronisme de comparaison avec le grand monologue wagnérien, trois siècles plus tard, n’est pas trop fort quand on mesure combien de sortilèges et d’entrelacs polyphoniques déploie Willaert dans ce chant sans jointures apparentes, muant sans effort de placides incipit en filtres sonores contagieux. La sensualité des timbres joue d’une retenue rendue d’autant plus grisante que les voix font valoir des trésors d’intelligence musicale, des raffinements sans nombre de phrasé, des élégances de chant et de lyrisme qui laissent pantois. Nous devenons à notre insu les « happy few » de cette musique réservée, dont l’interprétation est à la hauteur de l’inspiration.   

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