Texte paru dans: / Appeared in:
*  

Classica # 129 (02/2011)
Pour s'abonner / Subscription information


Naïve
OP30493

Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :

Analyste: Vincent Borel
Texte abrégé: 
Si cet opéra en dentelles obtint l’amour des mélomanes de Vicenza en 1713, il conquiert aussi le nôtre. L’oeuvre est sophistiquée, une pastorale politique où les jardins connaîtraient des passions impériales. Sans même se perdre dans les bosquets du livret, ce Vivaldi a l’immédiateté d’un Chopin rococo. Rien à voir avec la décevante Armida al campo d’Egitto,e précédent volume. Le premier acte s’achève dans une furia excitante, le second bascule dans l’arrache-coeur avec les minutes sublimes de L’ombre, l’aura. Une suspension temporelle où s’impose Julia Lezhneva, une soprano russe possédant la douceur faussement fragile de Simone Kermes, comme son agilité. Elle est la révélation de cet Ottone où la nature admoneste les coeurs. Le Giardino Armonico tient là partition à sa mesure. La délicatesse impose d’éviter le mièvre et le morne. Il y faut aussi de la fantaisie dans la durée. Moins lisse qu’Alessandrini, moins horloger que Biondi,le continuo du Giardino est un nuancier; ses cordes braves et sans tapage, ses vents un adroit pinceau. On se rejouera de récents Concertos grossos de Haendel (Oiseau Lyre) riches de cent subtilités : l’ensemble italien n’est guère éloigné du son Hogwood. C’est une eau-forte effilée, ignorant l’esbroufe et souffrant l’écoute répétée sans lasser ni faillir. Une judicieuse distribution nous rapporte le timbre prenant de Veronica Cangemi. Dans l’héroïque travesti: Sonia Prina. Cette alto rare, souvent univoque dans la caractérisation, qu’elle incarne un Orlando haendélien ou un travesti rossinien, ici séduit, généreusement aidée par un Vivaldi prestidigitateur (la presque barcarolle de
« Compatisco il tuo fiero tor mento! »). Roberta Invernizzi possède ce piquant agile, auquel répond le mâle Toppi Lehtipuu. On s’inquiète cependant pour son aigu raidi. Il serait dommage de voir se dégrader trop vite l’un des meilleurs ténors baroques. Si cet Ottone in Villa, enregistré comme a fresco, n’a pas la puissance tragique d’une Arsilda ou d’un Tito Manlio, il mousse comme un Tiepolo. 

Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
(Bouton en haut à droite)
Livraison mondiale

Pour acheter l'album
ou le télécharger


To purchase the CD
or to download it

Choose your country and curency
when reaching
Presto Classical
(Upper right corner of the page)
Worldwide delivery

  

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews