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Analyste: Jean-Luc Macia Revenant aux Suites dix ans après une première version qui nous avait déjà marqués (Diapason d’or pour le Volume II et Cinq Diapason pour le I), Ophélie Gaillard prend pour exemple dans un beau texte d’introduction le travail incessant du jardinier, le talmudiste et Cézanne remettant sans cesse la même vision sur le métier. Au bénéfice évident de maturité s’ajoute aujourd’hui un instrument magnifique, un véritable partenaire, le Goffriller de 1737 que le CIC lui a confié. La manière qu’a la violoncelliste de faire respirer les phrasés, de laisser résonner certaines notes, montre bien la jouissance qu’elle prend à nous faire entendre les beautés veloutées de ce Goffriller: écoutez seulement les préludes des trois dernières Suites, la sarabande de la cinquième, les gavottes ou la gigue de la sixième et vous savourerez cette option. Elle prend son temps pour mieux flatter les fragrances du vénérable instrument. Le discours — plus direct il y a une décennie — est extrêmement détaillé, mais pas un instant figé sur le détail, sur les subtils décalages, les imperceptibles silences, les discrets legatos qui prêtent aux oeuvres une coupe plus dansante qu’hier (bourrées de la Suite n°5). Tout cela est intégré dans un geste à la fois serein et formidablement divers.
Face à eux, Ophélie Gaillard tient bien le coup et au-delà : l’absolue clarté du geste nous transporte dans un paysage harmonieux et pourtant escarpé, souvent ténébreux. Des tempos plutôt lents n’effacent pas la sève de ses triples-croches ou de ses traits brisés : la troisième Sarabande semble une mise en abyme des élans tragiques d’un morceau encore plus prenant ici que chez ses rivaux.
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