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Diapason # 381 - Avril 1992
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Appréciation d'ensemble: 4 diapasons
Analyste: Dominique Cospain
Texte légèrement abrégé:
Parmi les cinq livres renfermant les quelques cinq cent quatre-vingt pièces pour viole de Marin Marais, Jordi Savall n’avait pas encore exploré le troisième qui en contient, groupées en huit suites, cent trente-quatre – dont beaucoup, selon Marais lui-même, « courtes et faciles d’exécution » à l’usage des amateurs, mais quelques unes « fortes et remplies d’accords, avec plusieurs doubles » (le compositeur y présente en outre au public de nouveaux signes d’agréments). .. Savall (dans cet enregistrement) y favorise la plainte ; il est l’ »ange » Marais, qui sait « donner de l’âme aux pièces qui sans cela seraient trop uniformes » (toujours l’Avertissement du Livre III, où l’auteur précise que « e  signifie qu’il faut exprimer ou enfler le coup d’archet en appuyant plus ou moins sur la corde »).

Est-il besoin de dire que chaque gravure consacrée par Savall à l’illustre violiste mériterait son Diapason d’or ? Cela ne se peut, hélas… Mais ces pièces-ci ne déméritent pas, où la tendresse  le dispute à la virtuosité, la délicatesse à l’urgence, la grâce à la frénésie : écoutez tel Prélude pénétrant l’âme, telle Allemande aérienne, telle Sarabande empreinte de sérénité, tel Rondeau rempli de traits, telle Gigue frénétique ; écoutez les accès impétueux du Grand Ballet, et ce sublime decrescendo où Savall sculpte le son, ; écoutez les fanfares de La Brillante, où la viole se métamorphose en orchestre ; écoutez la tourbillonnante Folette ; les sonorités arachnéennes de La Guitare ; l’élégante aisance de La Magnifique, qui finit dans des agaceries d’abeille ; écoutez surtout La Plainte, la plus longue pièce du récital, et placée en son centre – écoutez-la, et soyez apaisé.

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