Texte paru dans: / Appeared in:
*  

Diapason # 599 (02/2012)
Pour s'abonner / Subscription information


Gimell
CDGIM044



Code-barres / Barcode: 0755138104426

Appréciation d'ensemble:
Analyste: David Fiala
 

Avec ce troisième volume, la nouvelle série de messes de Josquin entamée par les Tallis Scholars en 2008 maintient son très haut niveau d’excellence et livre son lot de moments magiques, malgré un premier abord un peu plus exigeant. La Missa De beata virgine, une des trots dernières du maître, sans doute composée vers 1510, peu avant l’ultime chef-d’oeuvre de la Pange lingua, fut sa messe la plus diffusée et citée au XVIe siècle. C’est là un paradoxe singulier tant elle s’écarte du style compact, foisonnant, alerte et dynamique qui fait l’enchantement de la plupart des autres L’auditeur peut s’y trouver désorienté par l’absence d’unité tonale et thématique (chaque mouvement paraphrase un plain-chant — et donc un mode — différent), par le contrepoint capricieux induit par les canons entre les voix intérieures et, enfin, par la texture à quatre puis cinq voix (à partir du Credo), qui isole dans l’aigu une ligne supérieure assez acrobatique. Ces difficultés expliquent sans doute la mince discographie de cette Missa De beata virgine aussi fameuse que disparate. Face aux efforts d’A Sei Voci (Diapason d’or en 1995) et du Theater of Voices de Paul Hillier, la présente version, aux tempos bien plus retenus, impose ses amples phrases et sa rutilante ligne de sopranos. L’impeccable finition qui caractérise toujours l’ensemble de Peter Phillips permet de savourer dans leurs moindres détails les intriguants méandres de cette oeuvre de maturité singulière Avec la joyeuse Missa Ave maris stella, on retrouve des sentiers contrapuntiques et rhétoriques plus familiers. Les motifs du plain- chant tournoient dans le Kyrie, les Gloria et Credo défilent avec une merveilleuse fluidité, Dans le vaste Sanctus, Josquin déploie tout son arsenal, jusqu’à de délicieuses superpositions polyrythmiques aux mots « in excelsis » du Osanna. Ici encore, les deux sopranos se jouent avec brio d’une ligne supérieure haut perchée et pleine de vie, soutenues par un sextuor d’une intense homogénéité, aux phrasés et aux rebonds rythmiques magistralement dirigés par maître Phillips. Ça chante, ça brille, ça joue. Du grand art.
 

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews