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Analyste: Harold Lopparelli Instruments très définis. Bon équilibre spectral. Réverbération parfaitement maîtrisée. William Byrd va nettement plus loin que la génération précédente (celle du pionnier Christopher Tye) dans la complexité de l’écriture pour consort. Au début des années 1560, le genre est encore le privilège de la cour, de quelques théâtres, de cercles aristocratiques - il ne séduira les amateurs qu’au début du siècle suivant. Byrd destine alors aux violes des hymnes polyphoniques et des In nomine sur cantus firmus (« rhapsodies mystiques pour consort» selon la belle formule de Laurence Dreyfus) mais s’en détourne assez vite: le cadre régulier des variations sur des danses ou des airs populaires (grounds) et l’espace absolument libre des fantaisies (à 3,4, 5 ou 6 violes) feront désormais ses délices. Il travaille en somme les mêmes formes qu’aux claviers, mais en exploitant tout le potentiel polyphonique du consort. Regroupé sur un disque plein à ras bord, l’ensemble captive. Laurence Dreyfus - musicologue de premier plan et violiste - a tenu à alterner les genres. Ses partenaires, les mêmes depuis la fondation de Phantasm en 1994, ne laissent aucune phrase, aucun contre-chant s’amollir. La partition est sculptée à la pointe de l’archet, ou incarnée grâce à un vibrato mesuré. Jouer sans excès : une évidence dans ce répertoire hautement stylisé, Mais entretenir la flamme, faire toujours sentir dans ce contrepoint la « circulation sanguine » des idées. Magnifiques à cet égard, les variations sur Browning, dont les rythmes serrés de la fin seront magistralement affûtés, et le surgissement impromptu, sauvage, d’un extrait de Greensleeves au beau milieu d’une Fantaisie à 6. Le son de l’ensemble, riche et timbré, n’est jamais bridé par cette homogénéité que d’autres ont promue au rang de valeur suprême du consort de violes. Son intégrale répond aux Consonrt Songs de Byrd gravées par Phantasm avec lan Partridge et Geraldine McGreevy (Simax, 1998), et nous rappelle ce qui sépare un bon disque de musique « ancienne » d’une réussite exceptionnelle : que chaque plage soit une forêt bruissante de vie.
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