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Diapason # 607 (11/2012)
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DHM 1955142



Code-barres / Barcode: 0886919551426 (ID252)
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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Philippe Ramin
 

Le récital à large spectre temporel (RST) fait partie d‘une culture de la flûte à bec bien plus ancienne que le renouveau de la musique baroque, dans les années 1970. Dorothee Oberlinger entend faire entrer ce genre suranné dans une modernité pleine d’intelligence et de sensualité. La ville de Venise y apporte l’unité de lieu, et l’interprète la diversité des styles, depuis les madrigaux « diminués» du XVIe siècle jusqu’à l’inusable Tempesta di mare de Vivaldi. Le métier des Sonatori della Gioisa Marca, auxquels on doit quelques disques vivaldiens majeurs avec Carmignola mais aussi trois anthologies fantastiques du Primo Seicento (Divox), est une clef de la réussite. On admire le feu et la précision des concertos de Vivaldi et Marcello (le si pastoral Concerto di flauti pour quatre solistes et cordes colla parte en sourdine, texture irrésistible); cependant la vraie beauté nous attend dans le répertoire à la charnière de la Renaissance, qu’illustrent les airs en diminution, la sonate de Riccio (quatuor de flûtes) et la Ricercata de Bassano. La flûtiste apporte une vraie réponse à des questions de styles où l’on pratique souvent le mélange des genres. Elle caractérise chaque forme par la couleur (sa palette recourt à onze flûtes) et par différentes approches de l’articulation (qui ont en commun de donner le sentiment de nuances dynamiques à un instrument qui, en principe, en serait dépourvu).

La Sonate à huit de Massimiliano Neri est traitée avec un sens de la mise en scène doublé d’une étonnante économie de moyens. La somptuosité des cordes mêlées à l’orgue, la direction musicale des passaggi, le discours véritablement incarné des solistes (récit de violoncelle avec viole), cette manière très souple d’inclure les rythmes dans une pulsation large est devenue rare et donc précieuse. Guidé par un texte utile d’Orberlinger, le périple vénitien se conclut par un retour aux sources : sans filet, seule à sa flûte alto, elle orne un madrigal de Verdelot « dans le style » des diminutions de Ganassi, et nous livre un précis d’éloquente poésie. Fermer la fenêtre/Close window

 

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