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Diapason # 604 (07-08/2012)
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DHM
886977806926



Code-barres / Barcode: 0886977806926
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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Sophie Roughol

U n portrait comme un vitrail, aux couleurs adoucies par une lumière chaude, et cernées d’un fil rythmique absolument net. Paul Van Nevel y reprend son combat militant pour les polyphonistes franco- flamands dont la postérité souffre de l’astre Josquin. Il défend cette fois Jacob Clement dit Clemens non papa, haute figure et « mal vivant ». Mal connu surtout, car avant Van Neyel, seuls les Tallis Scholars (Missa Pastores quidnam vidistis) et le Brabant Ensemble (Requiem) avaient offert un album entier à celui que l’on disait ivrogne (une messe lui aurait même été payée en pichets de vin !) mais qui inventait une polyphonie dense, expressive, toujours personnelle. Probable réformé au service du catholique duc de Croye, Clement cultive l’imitation continue entre les voix comme son contemporain Gombert, et l’enrichit d’ambiguïtés modales dont le coloriste Van Nevel fait ses délices.

Le programme, qui entremêle profane et sacré, serait-il confus ? Il est en réalité puissamment réfléchi, évocation du « Wanderer » que fut Clement : ouverture sur un Gloria paisible aussitôt contredit par la chanson très friponne et parisienne Jaquin Jaquet. Tout l’art du Huelgas Ensemble est dans cette miniature où Van Nevel sait nous faire entendre un chef-d’oeuvre en jouant sur le tempo ajusté, la durée exacte, le rythme comme ressort léger du rayonnement polyphonique. Le florilège puise également dans les Souterliedeke (harmonisations polyphoniques des mélodies de psaumes en langue flamande) et à trois des deux cents motets. Chaque chanteur soigne la musica ficta, cette pratique essentielle des bémols et des dièses non notés à la Renaissance mais précieux pour infléchir l’ambiance modale ou le dessin mélodique : la fluidité contrapuntique y gagne des miroitements parfois saisissants (écoutez l’Agnus Dei de la Missa Spes salutis, et la progression inquiète de ses deuxième et dernière sections). La sculpture des strates vocales (fin du motet Fremuit spiritu Jesu), l’intonation impeccable (chanson Adieu mon espérance), les effets d’espace (scansion fascinante de Je prends en gré la dure mort) contrastent avec la désinvolture éditoriale : le texte de présentation mentionne de fausses indications de plages, omet les psaumes et annonce un Agnus Dei fantôme, tandis que figure au verso de la pochette un chapitrage erroné.

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